Centre de Palethnologie Stratigraphique "ERURI"
DIALEKTIKE
CAHIERS DE TYPOLOGIE ANALYTIQUE
1983-1984
Publié avec le concours de l'Université de PAU
institut Universitaire de Recherche Scientifique
J. Airvaux
E. Carbonell
B. Cavaillés
J. Estevez
M. Guilbaud
G. Laplace
M. Llopis
R. Mora
A. Vila
J. Voruz
R. Yll
o m m a ire
ÀIRVÀUX J.
CÀRBONTIELL E. f
GUILBAUD M.,
MORA R.
GAVAILLES B.
GAVAILLES B.,
LLOPIS M.
ESTÏÏVEZ J.,
VILA A. ,
YLL R.
LAPLAGE G.
VORUZ J.L.
Responsable
- Méthodologie systématique en typologie
analytique ..
- Elaboration d f un système d f analyse pour
l f étude des éclats bruts de débitage
- L’écart : taxinomie et obstacle en scien¬
ce préhistorique (avec note de M, Livache) ..
- Problèmes méthodologiques et théoriques
dans l’étude de l’art préhistorique .
- Quelques réflexions sur l’utilisation de
l’analyse des données
- Représentation graphique d’un tableau de
contingence .
- De l’analyse factorielle comme outil gra¬
phique de synthèse .
p. 1
p. 22
p. 41
p. 41
p. 55
p. 68
p. 81
Délia Brusadin-Laplace
”Le Saule” - Rue des Tisserands
64800 COARRAZE
METHODOLOGIE SYSTEMATIQUE EN TYPOLOGIE ANALYTIQUE
Jean Airvaux
Le mouvement évolutif culturel de l'homme, constitué par l'arborescence
conceptuelle des moyens d'actions sur le milieu (ils sont en règle générale
de plus en plus efficaces) , ne peut être décrit qu'à partir de la compré¬
hension ou de la "saisie" d'informations, de données issues de l'analyse
d'objets, qui, à divers stades de l'histoire humaine représentent le reflet
fossile de l'évolution des structurations mentales, donc de l'établissement
progressif des concepts. Cette adaptation constante de l'outil pour une
meilleure efficacité face au milieu (aux matériaux) n'est en fait qu'un mé¬
canisme naturel. En effet, les données rétroactives liées à l'interaction
outil-milieu sont les facteurs potentiels susceptibles de présider à des
corrections morphotechniques à même d'accroître le guidage de l'action. Ces
informations de rétroaction sont les éléments contradictoires de la dialec¬
tique naturelle.
C'est pourquoi l'analyste ne doit rien négliger, car l'objet est porteur
d'une masse d'informations considérables. Il s'impose donc de poursuivre les
méthodes déjà élaborées dans le domaine de la typologie analytique, de tenter
d'en réduire encore le niveau subjectif, c'est-à-dire de réduire la place
laissée à l'appréciation irrationnelle.
Dans le cadre de ce travail (qui fait l'objet d'une thèse), nous ne
pouvons prétendre appréhender qu'une partie seulement de la réalité, car la
vérité historique ne peut se satisfaire des compromis que l'esprit est amené
à conclure. L'aliénation liée aux faux-concepts déjà existants à nos préjugés
sont autant d'entraves. Mais le but doit être d'en sortir, c'est ce que,
entre autres choses, G. LAPLACE nous a démontré. La tâche est. donc immense,
à la mesure de l'importance temporelle et de la complexité de l'histoire. Les
méthodes d'analyse les meilleures (à même de fournir des résultats les plus
pertinents et les plus significatifs possibles) sont difficiles à trouver,
longues à expériementer, car dans nos mécanismes méthodologiques de recherche
nous n'échappons pas à la réalité dialectique, à savoir qu'un concept ne peut
exister que sur la base d’un précédent, augmenté d'un nouvel acquis.
L'outil préhistorique donne un prolongement et des possibilités accrues
aux capacités physiques naturelles de l'homme face au milieu et il nous
semble normal que les premiers outils aient été des éléments naturels uti¬
lisés comme tels qui, par le double jeu du temps et de 1'"expérience" maintes
& au sens cybernétique.
2
fois répétée, ont subi une évolution corrélative à celle des structures men¬
tales .
La "compréhension" de l'information résultante de la transformation des
états initiaux avec ses paramètres permet l'acquisition d'un facteur évolutif
En ce sens, l'objet constitue un prolongement biologique du potentiel humain
et cela, d'autres auteurs l'ont déjà dit bien avant nous.
C'est pourquoi l'objet pris à divers stades ne peut être considéré comme
arrêté. Il est en mouvement constant du fait qu'il tend vers sa forme opti¬
male en regard aux critères liés aux caractéristiques mécaniques des maté¬
riaux et de la morphologie du travail à obtenir, cela même si l'espace de
temps qui sépare deux sauts évolutifs est long ou si le concept est abandonné
Maintenant un problème important réside dans le fait de savoir à partir
de quel moment l'homme fut capable de réaliser des mises en relation inter¬
conceptuelles et ainsi d'aboutir à d'autres concepts plus évolués en se pas¬
sant dans un premier temps de l'information résultante de l'interaction avec
le milieu ; ou autrement dit quand l'homme fut capable d'imaginer, d'effec¬
tuer la synthèse. A notre avis, c'est ce problème qui fut évoqué en d'autres
termes par G. LAPLACE quand il définissait la notion de cosmolyse à propos
de Synthétotype Aurignacien.
D'autre part, la structuration mentale conceptuelle, relative à l'outil,
stockée sous forme symbolique constitue une sorte de lexique dont, les mises
en relations se réalisent selon des règles syntaxiques (qui sont elles-mêmes
d'autres concepts structurés), comme le déroulement séquentiel d'enlèvements
ou d'autres séquences préparatoires, etc.
Nous entrevoyons ainsi l'existence d'un langage conceptuel dont les com¬
posantes sémantiques sont représentées par des éléments symboliques liés aux
morphologies et les composantes syntaxiques liées aux règles techniques.
Il s'en suit donc une organisation relativement stable qui permet la
communicabilité des concepts. En effet, la perduration de certaines formes
d'outils en dépit de leur potentiel évolutif nous incite à voir l'objet
comme une entité culturelle structurée, sorte de phrasé morphotechnique.
On ne peut toutefois en rester à ces notions de façon définitive, car
la réalité est encore plus complexe et d'autres facteurs interviennent, tels
la connaissance du milieu et de ses limites, qui entrent en compte dans la
notion d'outil.
C'est cette conception de l'outil préhistorique qui dirige notre ré¬
flexion et notre méthode en matière de typologie.
En ce qui concerne la typologie, nous tenterons donc d'élaborer des
méthodes afin de parvenir au mieux au degré d'objectivité maximale face à
la réalité (ou au niveau de subjectivité le plus faible).
Nous proposons donc une démarche analytique qui peut prendre en compte
la plus grande partie des informations contenue dans l'objet, sous la forme
de caractères, qui, par mise en relation séquentielle nous permette de re¬
cueillir les éléments contradictoires.
Ces données peuvent être traitées au moyen de méthodes statistiques
diverses et en particulier celles déjà utilisées en typologie analytique.
LES RUPTURES DE MORPHOLOGIE
Nous ne percevons la réalité qu'à travers ses discontinuités. Les rup¬
tures morphologiques, à des degrés différents, en représentent les traits
essentiels. Ces "accidents" sont donc mesurables et sont à même de caracté¬
riser l'objet dans un premier temps sous une forme générale, d'en permettre
l'orientation et surtout de démarrer l'analyse, (voir fig. 1).
Modalite Orientation ! Juxtaposition
Superposition
t m <
mi 2 /
3 Pb | /\ 1 Po
iwko,
4 Pc
3 R*
Wj
■m
UMTH
UMTH
11 u
t j
/ 8 So
/ 2 Po
UMTH
2 Lo
5 So
UMT H
( C : Constante
C Non constante
UNITES MORPHOTECHNIQUES
Rupture technique j
FIG 5
Ui L
\ u 2
A 1
r
À.
4„ i
w\
J/TïtÀ
Yf) —
SOUS-ENSEMBLES MORPHOTECHNIOUES
Fia fi
6
Chaque rupture notée ^ peut être repérée par une lettre ou un chiffre
spécifique.
Entre les points, les lignes, ou les surfaces de ruptures, les sous-
ensembles morphotechniques et plus souvent les unités morphotechniques peu¬
vent elles-mêmes être décomposées en isolant s'il le faut chaque élément
constitutif.
C'est donc dans un premier temps la morphologie qui "commande" l’analyse.
Les caractères techniques en sont déduits.
LES ELEMENTS MORPHOTECHNIQUES (eMT)
Cette appellation désigne l'enlèvement au sens strict qu'il soit positif
ou négatif.
Nous en avons fait quatre modalités :
L'enlèvement simple SO .
L'enlèvement plat PO .
L'enlèvement laminaire LO .
L'enlèvement en écaille ou interrompu EO .
Ils sont distingués au moyen de deux critères :
- l'allongement relatif, défini par la série / (voir diagramme typomé¬
trique de G. LAPLACE) ;
- la courbure transversale de la section médiane (voir fig. 2 et 3).
Ces modalités sont définies de façon arbitraire. Leur réalité n'a de
sens que par leur seule définition. Elles n'ont pas de relations directes
avec les modes définis jusqu'à présent en typologie analytique et nous en
verrons plus loin le pourquoi.
LES UNITES MORPHOTECHNIQUES (UMT)
Elles sont constituées par la suite d’un ou de plusieurs éléments mor¬
photechniques (eMT).
La stabilité technique (modalité et orientation) des eMT conduit à dis¬
tinguer deux cas d'UMT :
- les UMT Homogènes (UMTH) (n° 1 fig. 4) dans le cas d'une modalité
constante et d'une orientation normale ou subnormale à la ligne
d'interruption de morphologie considérée ;
- les UMT non Homogènes (UMTH) (n° 2 fig. 4) sont constituées de deux
ou d’une séquence d’UMTH.
Le tableau (fig. 5) résume les cas d'UMTH et H.
Au niveau de l'UMTH, une étude morphologique et technique (associations,
séquences) peut être conduite. La synthèse sur un nombre d'objets suffisant
peut donner des résultats significatifs.
LES SOUS-ENSEMBLES MORPHOTECHNIQUES (S/E MT)
La mise en relation, qu'elle soit naturelle par associations de deux ou
7
de plusieurs UMT, ou qu'elle soit purement imaginaire, constitue ce que
nous appelons le sous-ensemble morphotechnique (fig. 6).
Les diverses configurations morphologiques et techniques des associa¬
tions seront étudiées à ce stade de l'analyse.
Quelques exemples :
1) Etude de la morphologie horizontale du plan de rupture du S/EMT
AB-AC (constitué du S/EMT AB-AC inférieur et du S/EMT AB-AC
supérieur) : (Fig. 8).
La méthode d'analyse des profils est basée sur l'évaluation de la res¬
semblance entre le réel et des modèles morphologiques. Nous l'appliquons
surtout à l'étude de la zone distale des bifaces.
Nous avons défini sept groupes de modèles partant de fortes concavités
aux fortes convexités en passant par les formes droites, parboliques et
éliptiques. La forme finale (la plus convexe) est le cercle (voir le dessin
du haut de la fig. 8).
Chaque groupe est divisé en classes en nombre variable. Nous n'aborde¬
rons pas ici la méthode qui nous a permis de les obtenir (il s'agit de rela¬
tions géométriques). Le groupe de départ est le droit (T) dont l'évolution
des valeurs angulaires décrit une progression linéaire.
La fig. 8 montre le tableau récapitulatif des groupes et des classes,
et en bas, l'exemple d'un groupe (E, éliptiques) avec ses six classes plus
le cercle (CE).
La classe représente l'élancement du modèle, donc les groupes à indices
de classe égaux seront équivalents.
Un diagramme d'étude constitué de rayons issus de son centre et possé¬
dant des valeurs angulaires constantes définies une fois pour toutes est
utilisé pour étudier l'évolution angulaire (c>(,(5, etc.) des profils de
chaque (groupe x classe) et des formes à tester (voir fig. 9).
Un tableau général composé d'échelles au nombre de 4 sur lesquelles ont
été portées les valeurs des modèles que l'on compare avec les angles de l'ob¬
jet à analyser (voir fig. 9 à gauche, où nous ne montrons qu'une partie de
ce tableau). Les valeurs a, b, a' et b' seront lues sur ce tableau. Ce sera
donc la droite joignant deux valeurs appartenant à un même modèle et qui,
étant la plus proche des valeurs à tester devra être trouvée.
Dans certains cas, il est difficile de conclure visuellement : on a
alors recours à la somme minimale des écarts. Dans notre exemple
a + b < a' + b'
(en valeur absolue)
Dans d'autres cas, le réel peut ressembler également à deux modèles,
alors on poursuivra l'analyse sur les angles suivants afin d'opter pour l'un
ou l'autre.
L'analyse de la pièce de la fig. 9 (biface de St-Même-les-Carrières,
basse terrasse, remaniée) aboutit à la formule suivante :
La classe d'élancement est commune à tous les secteurs (5) et la pièce
se situe dans les groupes des convexes 01 à E.
8
Des études statistiques portant sur les classes et les groupes, sur la
symétrie, sur les répartitions, apportent des résultats très significatifs.
2) Etude des ca r actères techniques de chronologie :
Ce caractère est très significatif et les configurations chronologiques
semblent assez spécifiques pour tel ou tel ensemble industriel où il existe
des objets bifaciaux.
Nous distinguons quatre critères de base :
N : Ce sont les réserves naturelles (Cortex, fractures dues au gel,
fractures naturelles, etc.).
P : Sont désignés par la lettre P les enlèvements issus d'un plan de
frappe cortical, ainsi que tous ceux de première génération, dont
le bulbe n'est plus visible, ôté par le débitage d'enlèvements
secondaires.
S : Ce sont les enlèvements issus de plans de frappe constitués par ceux
de la première génération (P). Le bulbe (négatif) est généralement
visible, mais les retouches postérieures de superposition peuvent
gêner l'observation ; c'est alors qu'une mise en relation des faces
directement opposées en permet la déduction.
V : Ce sont les enlèvements positifs (face inférieure ou revers de
l'éclat) ils peuvent être considérés comme de type P ou S selon que
l'aménagement de la face supérieure ait précédé ou suivi le débi¬
tage V. Les hachereaux et les bifaces sur éclat sont obtenus de
cette façon.
Dans certains cas difficiles (roulage, patine épaisse, gel) la détermi¬
nation du caractère de chronologie est impossible.
Le tableau de la figure 10 résume tous les cas chronologiques avec les
symétriques directs et les symétriques inverses.
3) Analyse des caractères Orientation-Ampleur (mis en relation )
Nous avons pris comme exemple un sous-ensemble M-T constitué par les
deux faces d'un biseau distal.
Les orientations et les ampleurs sont portées sur un cercle. Chaque
vecteur d'enlèvement passe par son centre. Des secteurs de 45° déterminant
les orientations latérales, obliques, distales, et proximales (A, O, L droit
et gauche, distal et proximal).
Un vecteur de synthèse pour chaque secteur et pour chaque face est alors
calculé. Son orientation angulaire est donnée par le quotient de la somme
des produits de l'ampleur et de l'angle de chaque enlèvement par la somme
des ampleurs
Aa x a + Ai x i +.An x n
x = --
( Z___~ Somme)
Cette opération se fait pour tous les secteurs et pour les deux faces,
la pièce étant supposée transparente, (voir fig. 11).
10
ANALYSE de la MORPHOLOGIE d'un S/E MT ( AB - AC )
Classe d élancement ; 5
Groupe ; convexes Ol - 0
FIG 9
Analyse du caractère technique oe Chronologie
B
S/E MT
AB / AC
.
S
TABLEAU de la chronologie des enlèvements
N
Naturel
N
: x s
p
Primaire
S
Secondaire
/ P
V
e MT positif
P .
X '
V
V
FIG 10
OGP / \
A OGD41
ODD3,LD2
S/E MT
A
/ - \
B OGD5
ODD2
B
. J
A v>\ ll/CÛ
OrîDntntion _ ûmnlpiir
Aci
L. . \
4
HllUiyMs
U6b CQiuCicrcb
Vil vniuilvn — Miiipicui
Dicwjromme de synthèse
13
La synthèse, sur un ensemble de pièces, est réalisée sur un diagramme
(fig. 11 en bas) où les secteurs latéraux, obligues, distaux et proximaux
sont réduits à des rayons angulairement distants de 45°.
Pour chaque face on porte un segment de longueur S sur chaque rayon
correspondant :
_ IL. Ampleurs _
^T~ des segments
Exemple : sur 10 pièces étudiées, 9 d'entre elles présentent le carac¬
tère OGD. La somme totale des ampleurs de ces 9 caractères est égale à 27 :
Le diagramme du bas de la figure 11 est une synthèse réelle portant sur
un ensemble de 8 pièces provenant de CRAVANS (Charente) Coll. Université de
Poitiers.
La symétrie de ce diagramme montre que les enlèvements d'ampleur maxi¬
male sont d'une part obliques et d'autre part (la pièce étant maintenue la
partie distale vers le haut) issus du côté gauche de la pièce pour les deux
faces.
L’ENSEMBLE MORPHOTECHNIQUE EMT
C'est la mise en relation totale, c'est l'objet entier.
A ce stade, l'objet est étudié par ses relations globales mensurations,
morphologie (latérale, sagittale, horizontale, transversale, etc.).
Exemple : Etude de la morphologie sagittale
Quatre valeurs angulaires permettent de la définir. Elles sont portées
sur le diagramme de la figure 12 et par simple lecture les résultats suivants
sont obtenus : classe de carénage de chaque côté, caractères de symétrie :
totale, inverse, non symétrique, et caractère proximal ou distal.
Ce diagramme ressemble à celui proposé par G. LAPLACE en 1974 : diagramme
des aires et des allongements, toutefois il n'en est pas issu.
LES POTENTIALITES
Un objet libre peut être Mû dans l'espace dans trois directions axiales
(celles du repère orthonormé) et selon trois rotations autour de ses axes,
ou, selon une combinaison dynamique quelconque, résultante des précédentes
et dont on peut décomposer le mouvement par projection sur les axes du repère.
L'objet animé d'un mouvement entre en interaction avec le milieu, et,
quelle que soit sa nature, il lui impose des transformations : soit par dis¬
sociation, soit par fracturation, soit par enlèvement de matière.
Il s'en suit que les paramètres de cette modification ne peuvent être
qu'en étroite corrélation avec, d'une part, la morphologie et les caracté¬
ristiques spécifiques de l'objet et du milieu (dureté, masse, etc.) et,
d'autre part, avec les éléments liés au mouvement, d'ordre dynamique, cinéma¬
tique, etc.). En ce qui concerne l'outillage préhistorique, nous ignorons
tout de ces derniers facteurs, nous ne pouvons émettre que des hypothèses.
Par contre, les caractères intrinsèques à l'outil peuvent être connus.
L'outil lithique possède de par la complexité des formes unitaires asso¬
ciées un certain nombre de potentialités d'interaction avec le milieu. De
cet éventail, certaines ont été privilégiées, d'autres restent à l'état
latent mais peuvent occasionnellement être utilisées et constituent alors
un facteur potentiel d'évolution. On peut imaginer qu'ainsi des mutations
morphologiques puissent s'opérer au gré des variations de l'activité de
l'homme (variation du choix de la matière première de conditions cynégétiques,
climatiques, etc.).
14
Dans ce paragraphe sur les potentialités nous proposons une méthode qui
peut paraître a priori fournir des résultats redondants par rapport aux pré¬
cédents mais elle aboutit à des informations synthétiques plus significa¬
tives .
Les modèles : toute morphologie doit être ramenée à un modèle. Ceci ne
pose d'ailleurs pas de grosses difficultées.
Nous proposons donc les modèles suivants :
- le Dièdre et le Dièdre Oblique ;
- le Tièdre isocèle et quelconque ;
- la Pyramide droite et quelconque.
Tous les cas morphologiques peuvent être rapportés à l'un ou l'autre
des modèles.
LE POTENTIEL MORPHODYNAMIQUE
Il est défini par un nombre égal à la cotangente de l'angle actif (-g-).
L'angle actif est calculé à partir des valeurs primitives spécifiques
à la morphologie du modèle considéré (fig. 13).
Cet angle est tel que la surface qui le contient est toujours normale
à la face active.
Nous donnons quelques exemples de calculs. Les formules sont établies
une fois pour toutes et la détermination de JJ se fait à partir de tables.
Exemple de calcul pour une pointe à dos de la fig. 14 :
Si l'on considère la partie distale ^xtrème de + l'objet représenté, ses
degrés de liberté sont les translations z et z , x et x , y et les rota¬
tions ry, rz, rx.
Calculons le potentiel + pour les translations seulement, ce qui donne
3,73 pour y et 5,14 pour x (les autres degrés sj>ont très faibles ^ 0,5).
La potentialité Maximale est donc dans le sens x .
Nous aurions pu calculer le PMD pour le dos, le tranchant, etc.
Pour certaines pointes où le tranchant est oblique et le dos droit
( // à y) le potentiel Maximal est selon y .
Comme nous l'avons vu plus haut, l’outil prolonge la potentialité de
transformation du milieu par l'homme ; nous dirons que l'outil possède une
potentialité face au matériau travaillé qui a ses valeurs propres qui peu¬
vent être augmentées, mais dans les limites du rapport de la résistance du
matériau passif sur celle de l'actif (outil).
Si les valeurs sont dépassées, l'outil ne tient pas sous l'action (ceci
constitue d'ailleurs un facteur correctif rétroactif).
Angles de définition
18
CHEMINEMENT DE L'ANALYSE
ANALYSE DES RUPTURES MORPHOLOGIQUES
Définition des interruptures de morphologie
Unités morphotechniques
non homogène
UMTH III
IV
V
VI
VII
ou VIII
- Etude morphologique
- Sur n objets
. étude statistique
des associations
et des séquences
. étude statistique
de la stabilité
morphologique
19
SYNTHESE DES SOUS-ENSEMBLES MORPHOTECHNIQUES
S/E MT
ETUDE TYPOMETRIQUE
ETUDE MORPIÎOLOCI QUE_
Interdépendance des morphologies
de sur un ensemble d'objets analysés des stabilités
morphologiques d'associations d'UMT
Etude de la représentativité de ces
relations sur n objets
Plusieurs UMTH
différentes ou UMTH
différentes associées
Etude de la chrono¬
logie, des séquences
techniques, des
caractères d'orien¬
tation , d'obliquité
Homogénéité technique totale du S/E MT
Etude statistique sur n objets de la chronologie
orientations, ampleurs, obliquités, etc.
Pour n objets voir
la stabilité des
configurations
20
ETUDE TYPOMETRIQUE
ETUDE MORPHOLOGIQUE
Etude des relations géométriques globales
Etude des oppositions volumétriques
EMTH
Etude statis¬
tique de la
composition
spatiale des
associations
morphotechniques
OUI
Homogénéité Homogénéité partielle
techni que totale
Dans ce cas 1'UMT Dans ce cas le S/EMT
représente déjà 1'EMT (Sphéroïde) représente déjà l'EMT
(Discoïdes bifaciaux)
21
CONCLUSION
La méthode d'analyse précédemment établie nous a amenés à isoler les
éléments, puis les unités morphotechniques et à en étudier les caractères
associatifs. La mise en relation des unités morphotechniques nous permet
d'extraire les liens existant entre elles et d'étudier les diverses confi¬
gurations morphotechniques au niveau des sous-ensembles ; de même, au stade
de la reconstruction totale de l'ensemble, c'est-à-dire de l'objet lui-même.
La fréquence de telle ou telle association est mise en évidence comme nous
l'avons vu à partir d'un certain nombre de cas étudiés à chaque stade de
1'analyse.
En théorie, l'objet peut être analysé dans sa totalité, les résultats
traités par des moyens différents. Ce sont les besoins de la recherche qui
amènent à considérer l'aptitude de telle ou telle méthode au traitement d'un
problème selon des critères pratiqués (rapidité de calcul, simplicité d'uti¬
lisation, etc.). Mais le plus important à nos yeux est qu'une technique de
traitement fournisse des résultats porteurs d'une grande signification et
dont l'interprétation reste toujours assez simple, claire et sans ambiguité.
Au niveau de l'EMT nous n'avons pas abordé les diverses méthodes d'ana¬
lyse que nous pratiquons telles les oppositions volumétriques, les progres¬
sions volumétriques, l'étude des variables typométriques et toutes autres
possibilités combinatoires des caractères.
Notre démarche se place en ligne directe avec les travaux existants en
typologie analytique, mais prise plus à la lettre, en ce sens que c'est par
sa reconstruction par mise en relations successives que nous menons notre
analyse.
Les critères précédemment définis par G. LAPLACE, par exemple la moda¬
lité de la retouche, se placent aisément dans notre système : la modalité
abrupt par exemple se définie par la mise en relation d'un certain nombre
d'unités morphotechniques. Ce qui pour nous constitue un sous-ensemble mor¬
photechnique .
L'étude d'industrie peut donc être entreprise à partir de bases de niveau
quelconque à condition d'en poser la définition, ce qui a été fait en ce
qui concerne les travaux précédents en typologie analytique. Mais la logique
se doit d'aller au bout de son explication théorique.
Nous n'avons pas parlé de la formulation analytique globale (spécifique
aux objets étudiés) afin de ne pas alourdir cet exposé dans un premier temps.
BIBLIOGRAPHIE
CARBONELL E., GUILBAUD M., MORA R. 1982 - Application de la méthode dialec¬
tique à la construction d'un système analytique pour l'étude
des matériaux du paléolithique inférieur. Dialektikê. Cahiers
de Typologie Analytique 1982.
LAPLACE G. 1974 - De la dynamique de l'analyse structurale ou la typologie
analytique . Rivista di Scienze Preistoriche, vol. XXIX, fasc, 1,
pp. 2-71, 2 fig., 3 tab., Firenze.
LAPLACE G. 1974 - Diagrammes des aires et des allongements : indices de
grandeur absolue et quadratique de carénage . Dialektikê.
Cahiers de Typologie Analytique 1974.
LAPLACE G. 1977 - Notes de typologie analytique, orientation de l'objet et
rectangle minimal . Dialektikê. Cahiers de Typologie Analytique
1977~
22
ELABORATION D'UN SYSTEME D'ANALYSE
POUR L'ETUDE DES ECLATS BRUTS DE DEBITAGE
Eudald Carbonell, Michel Guilbaud, Raphaël Mora
L'analyse des produits de débitage est essentielle. Dans le processus
d'interaction homme-nature, ce qui caractérise la relation est la production
d'instruments. Le débitage est de ce fait le processus le plus significatif
de transformation des moyens préhistoriques tant naturels que sociaux.
L'analyse morphotechnique des produits obtenus par le débitage est donc
indispensable, autant pour ceux élaborés par retouche que pour les éclats
ou fragments bruts utilisés ou non. Tous ces éléments composent le conti¬
nuum évolutif dynamique.
L'analyse approfondie des matériaux obtenus par le débitage permet de
reconnaître leur situation dans le continuum et par conséquent nous fournit
des éléments de réflexion pour son appréhension. Les produits résultant de
l'intervention sur les bases (1) indiquent le mouvement de la contradiction
forme-fonction au niveau spatio-temporel.
Le débitage d'une base et son degré d'exploitation peuvent être différen¬
tiels selon la fonction de l'occupation et les conditions objectives des
moyens. Une occupation sporadique dans un endroit quelconque est accompagnée
d'un débitage occasionnel où forme et fonction évoluent dans un cadre
synthético-synchronique. Il s'agit d'un type d'intervention concrète où
il n'existe aucun développement structurel de la capacité de débitage.
C'est un centre d'intervention (CI) sporadique (CARBONELL, CEBRIA, ESTEBAN,
MORA et PARRA, 1983) et par conséquent la production et le débitage y ont
une finalité conjoncturelle.
Une occupation structurelle établit une problématique différente. Le
facteur temps influence l'intervention de l'homme sur les moyens. Dans ce
type d'intervention on présuppose une grande activité multipolarisée : la
chasse, la récolte, travail domestique, etc... Ici, forme et fonction enre¬
gistrent un mouvement dynamique plus contradictoire. Dans cette situation
le cadre temporel s'efface. Dans le débitage, les facteurs structuraux
interviennent pleinement (apprentissage, habitudes, coutumes...) et sont
confrontés aux moyens où se développent les activités. Il est donc clair
que le type de fonction qui a lieu dans le CI peut être "piégé" dans les
produits de taille et les instruments en général.
L'application du système logico-analytique (EC, MG, RM, 1982-1983) à
l'étude des éclats ouvre une nouvelle perspective dans la connaissance des
relations entre moyens historiques et moyens naturels (fig. 1).
23
Système d'analyse :
La face supérieure et le talon d'un éclat expriment les différents
moments du continuum morphotechnique des bases. Leur description et captation
à travers un système dynamique permettent la connaissance des différentes
réalités contradictoires générées par l'homme au cours du débitage.
1. FORMULE ANALYTIQUE
1.1 Eléments essentiels
1.1.1 Orientation de l'éclat :
L'éclat est orienté suivant la règle du rectangle minimal (LAPLACE,
1977). La face inférieure est assimilée à un plan théorique (plan d'orienta-
tion Po) où s'articule la face dorsale comprenant le talon (tl). L'orienta¬
tion ainsi donnée, nous définirons classiquement les trois mesures de
l'éclat : longueur (L) , largeur (1), épaisseur (e). Celles-ci s'articulent
de la manière suivante : L x 1 x e.
1.1.2 Orientation des bords de l'éclat :
Nous considérons le contour de l'éclat comme composé de segments de
droites disposés sur le plan d'orientation Po. Ces segments s'orientent de
la manière suivante : considérons dans Po un cercle gradué de 0 à 15 (cercle
d'orientation) où le chiffre 0 coïncide exactement avec la partie proximale
de l'éclat orienté (fig. 2a) ; chaque segment reconnu comme composante du
contour de l'éclat est projeté tangentiellement au cercle suivant une trans¬
lation orthogonale (fig. 2b). Nous voyons dans l'exemple choisi figure 2,
un contour composé de cinq segments orientés. Leur articulation relative
se fait, dans le cas choisi ici, par l'intermédiaire de ruptures disconti¬
nues (différences supérieures à 1 "degré" sur le cercle) matérialisées par
le signe +. Nous obtenons ainsi la formule suivante traduisant schématique¬
ment le contour de l'éclat dans le plan Po :
(fig. 2) 14 4- 0 + 4 + 9 + 12 +
(le premier chiffre indique toujours l'articulation du talon sur la
face inférieure).
Un autre type d'articulation exprimant les ruptures continues est maté¬
rialisé par le signe -. Une rupture continue sépare deux tangentes dont la
différence de "degrés" sur le cercle est égale ou inférieure à 1.
(fig. 3) 0-1+4-5-6-7-8+12+
Cette formule doit être ainsi simplifiée :
0 - 1+4-8+12 +
1.1.3 Obliquité des plans :
Sur chacun des segments orientés constituant le contour de l'éclat, il
reste à mettre en place les fragments de plans composant la face dorsale.
L'articulation de ces plans peut se faire par contiguité continue ou discon¬
tinue (signe + ou -) ; il s'agit alors des plans périphériques de l'éclat.
Si l'articulation se fait entre plans périphériques et plans centraux, il
y a surimposition. Cela signifie que sur un plan localisé sur un segment
déterminé est superposé un deuxième plan ayant la même orientation mais une
obliquité différente. Ce type d'articulation est concrétisé par le signe :
24
lorsqu'elle est discontinue ou = lorsqu'elle est continue (fig. 4a). A
l'exemple choisi figure 4b, correspond la formule suivante :
OSAi : SP : P + 5A + 7S + 12S +
la formule simplifiée s'écrit :
OSAi : SP : P + 5A + 7S + 12 +
Les classes d'obliquité sont les mêmes que celles utilisées pour l'étude
des bases (EC, MG, RM, 1982) (fig. 4c).
1.1.4 Profondeur des plans :
Il s'agit de mesurer qualitativement la profondeur de chaque plan dans
le sens de leur pente. La mesure se fait sur l'échelle de profondeur allant
du bord de l'éclat où s'incline le plan, au bord opposé (fig. 6a). Un plan
d'obliquité P n'a pas de profondeur. L'exemple de la figure 6b montre l'ap¬
plication de ce système à un éclat du Moustérien de l'Abri Romani :
(fig. 6b) OA + 4SP (S)c / - 10 SPa + 12 SPc +
formule simplifiée :
OA + 4SPc / - 10a + 12c +
Le signe "/" indique que les modalités "SPa" appartiennent aux plans
orientés en 5, 6, 7, 8, 9 et 10 et que "SPc" ne concernent que le plan
orienté en 4.
1.1.5 Direction et profondeur des en l e veinent s :
Sur les plans localisés matérialisant l'éclat nous pouvons indiquer des
caractères importants concernant la partie du nucléus limitée par les bords
de l'éclat ; nous avons choisi la direction et la profondeur des enlèvements
antérieurs visibles sur la face dorsale.
La direction des enlèvements se concrétise à l'aide du cercle d'orien¬
tation (fig. 2) dont l'utilisation est celle exposée précédemment à la dif¬
férence près qu'ici la direction ne représente pas une tangente au cercle,
mais la perpendiculaire à un segment de droite tangente au cercle au point
indiqué par un chiffre (fig. 5a). Pour un éclat présentant des plans hori¬
zontaux ou d'obliquité SP ou S, la lecture de la direction des extractions
antérieures est immédiate ; prenons comme exemple l'éclat de la figure 5a
dont la direction de chaque enlèvement antérieur est indiquée par une flèche.
La formule s’enrichit donc d'un nouveau caractère que l'on conviendra de
séparer des autres par une parenthèse :
(fig. 5a) 2Si + 4SPc (0 + 6SPb (4 + lOSPc (8 + 13 SPc (12 + 15SPb (14,0 +
La formule simplifiée s'écrit directement comme suit :
2Si + 4SPc (0 + 6b (4 + 10c (8 + 13 (12 + 15b (14,0 +
Le plan orienté peut être cortical (Co) ou un plan de fracture (F). Si
la direction de l'enlèvement est inconnue, nous utilisons le signe "?".
Il est logique de penser que le cercle d'orientation s'incline suivant
l'obliguité du plan auquel il est associé. Dans le cas d'éclats présentant
des plans abrupts ou semi-abrupts, la direction des enlèvements doit donc
se lire sur le cercle d'orientation dont l'obliquité est elle aussi abrupte
ou semi-abrupte (fig. 5b). La figure 5c nous montre un exemple de ce type :
OSAi : SPc (0 + 3SPc (0 4- 8SPc (12,? 4- 13Aa (5 +
Formule simplifiée :
25
OSAi : SPC (0+3+8 (12,? + 13Aa (5 +
Si l'enlèvement occupe la totalité de son plan support nous n'ajoutons
aucune indication complémentaire. Dans le cas contraire nous employons
l'échelle de profondeur (fig. 6a). La profondeur est alors donnée par rapport
aux limites du plan-support.
1.1.6 Talon :
Le talon peut faire l'objet d'une attention particulière. Il est en
effet souhaitable d'ajouter le "caractère du talon" regroupant plusieurs sous
caractères : cortical, type de talon, forme, (LAPLACE, 1972) :
- Caractère cortical : cortical (co), non cortical (co).
- Type de talon : punctiforme (p), linéaire (ln), lisse (ls), dièdre (d)
facetté (f), indéterminé (in).
- Forme : convexe (ex), rectiligne (r), concave (cc).
Nous pouvons de plus modifier légèrement la formule en remplaçant l'obli
quité du talon par l'angle (exprimé en degré) qu'il fait avec la face infé¬
rieure (EC, MG, RM, 1982).
Exemple : OfcxlOO 0 (En "0" talon facetté convexe incliné de 100° sur
la face inf.).
Si le bord associé au talon n'est pas suffisamment développé pour in¬
fluencer la forme du contour de l'éclat, le premier chiffre est suivi d'un
point d'exclamation (formules des fig. 2 & 7).
Exemple : OîlsrlOO 0 .
1.2 A rticulation
Les éléments essentiels définis ci-dessus s'organisent en une formule
analytique qui peut également accepter des caractères complémentaires impor¬
tants .
L x 1 x e talon, face dorsale A, B, C, etc.
...caract. essentiels./ caract. complémentaires.
1.3 Analyse de quelques éclats (caractères essentiels )
Fig. 2 - Puig d'en Roca III (Catalogne-Espagne) -Acheuléen- n° 302 :
52 x 48 x 21 14 îls95 + OAa (Co + 4Sb + 9 + 12SAia (4 : P (14 + .
Fig. 3 - Abri Romani (Catalogne-Espagne) -Capa 4, Moustérien à denticulés-
n° 896 :
73 x 49 x 13 Od95 - lAa (9,Co + 4SA (Co - 8 : 6SPb (10 + 12P (14 + .
Fig. 4b - Puig d'en Roca III (Catalogne-Espagne) -Acheuléen- n° 461 :
66 x 52 x 16 Ois 100 : SPb (0 : P + 5Aa (Co + 7S + 12b (0 + .
Fig. 5a - Abri Romani (Catalogne-Espagne) -Capa 4, Moustérien à denticulés-
n° 899 :
74 x 45 x 15 21s105 + 4SPc (0 + 6b (4 + 10c (8 + 13 (12 + 15b (14,0 + .
Fig. 5c - Abri Romani (Catalogne-Espagne) -Capa 4, Moustérien à denticulés-
n° 894 :
54 x 62 x 18 OlslOO : SPc (0+3+8 (12,? + 13 Aa (5 + .
26
Fig. 6b - Abri Romani (Catalogne-Espagne) -Capa 4, Moustérien à denticulés-
n° 910 :
99 x 41 : 16,5 0Co95 + 4SPc (Co / - 10a + 12c (0 + .
Fig. 7 -Rota (Espagne) -Acheuléen- n° 904 :
56 x 45 x 17 15 ! In : 15Sc (0 + 2b (14 +6 (Co + 12SAia (F : P (12
- 13Sia (F + .
Fig. 8 - Quinçay (Vienne-France) -En, Castelperronien- :
70 x 25 x 11 151sr90 + / 4 - 5SPc (0 + / 10 - 12SP (S) (8 4- .
Fig. 9 - St-Césaire (Charente-Maritime-France) -Ejj, Aurignacien évolué- :
74 x 21 x 7,5 Ofrl35 + 3P (0 - 4SPb + 6Sc (12 + 8 (8 + 12SPb (0 + .
Fig. 10 - St-Césaire (Charente-Maritime-France) -Egpf, Moustérien à denti-
culés- :
47,5 x 28 x 13 01sr65 + 3SPd (0 + 6Sa (4 + 9SPb (12 + 12SA (4 + 14!S (6 + .
2. HIERARCHISATION DES CARACTERES DESCRIPTIFS ANALYTIQUES
Si cette partie de l'analyse est fondamentale, nous ne pouvons développer
dans les limites de cet article l'élaboration des groupes d'éclats suivant
tel ou tel caractère à partir de la formule descriptive. Prenons toutefois
comme exemple un caractère concret : l'obliquité des plans et leur dévelop¬
pement par rapport à l'axe du débitage. Suivant le premier critère les éclats
peuvent être regroupés en trois catégories :
- Les abrupts (A et SA).
- Les simples (S)
- Les plats (P et SP).
C'est le plan dont l'angle d'inclinaison sur le plan d'orientation est
le plus grand qui décide de l'appartenance de l'éclat à l'un des trois grou¬
pes ; le plan perpendiculaire à l'axe de débitage plus ou moins assimilable
au talon est exclu de cette règle.
A partir du second critère, nous subdivisons chacun des trois groupes
en sous-groupes. Il s'agit ici du développement et de la localisation rela¬
tive par rapport à l'axe du débitage du plan dont l'obliquité est la plus
élevée. Par exemple un éclat à dos "naturel” opposé à un tranchant appartient
au groupe des abrupts dont le développement des plans abrupts est asymétri¬
que par rapport à l'axe du débitage et peut atteindre la moitié du contour
de la pièce. Une très grande partie des éclats appartenant au Moustérien à
denticulés de l'Abri Romani (Catalogne) ou de Saint-Césaire (Charente-
Maritime) présente les caractéristiques définies ci-dessus ? l'abrupt à
développement presqu'exclusivement asymétrique est toutefois diversement
localisé sur le cercle d'orientation (fig. 3, 5c, 10) :
- abrupt localisé en : - 0 + 2 (ou 0 + 14)
—0+2+4 (ou 0 + 14)
-0+4 (ou 0 + 12)
- 0 - 4 - 8 (ou 0 - 12 - 8)
(0 indique la position du talon dont l'obliquité varie de Si à SA).
27
Les éclats dont le développement des plans abrupts dépasse la moitié
du contour de l'éclat sont peu fréquents. Les éclats dits de réavivage font
partie de cette catégorie.
A partir des caractères analytiques descriptifs présentés au paragra¬
phe 1, nous pouvons distinguer d'autres caractères synthétiques dont la
hiérarchisation permet de déceler entre diverses industries les évolutions
techniques les plus objectives possible.
ANNEXE
Quelques données nouvelles
concernant l'analyse des bases (1)
Nous avons en effet introduit dans le système d'analyse des bases néga¬
tives (ou bases) du Paléolithique inférieur (EC, MG, RM, 1982) un certain
nombre d'éléments nouveaux qui nous permettent d'étendre l'application de ce
système aux bases du Paléolithique moyen et supérieur.
Nous ne parlerons ici que des deux critères les plus importants sans
toutefois les expliquer d'une manière complète. Il s'agit du volume minimal
dont l'introduction va modifier les critères d'orientation des supports, et
du, caractère d'orientation des plans techniques (Pt).
1. Volume minimal
Toute base négative peut être inscrite dans un volume minimal en suivant
la règle du rectangle minimal (LAPLACE 1977). Cette règle s'applique en
premier lieu au rectangle formé par l'épaisseur et la largeur de l'objet.
L'opération est ensuite répétée pour le rectangle dont les côtés sont la
largeur et, la longueur de cet objet. Le plan théorique qui contient l'arête
(plan technique) ne commande donc plus l'orientation du support (EC, MG,
RM, 1982). A partir de là, nous reconnaissons quatre types fondamentaux de
volumes minimaux (fig. lia).
2. Orientation des plans techniques
Plan d'orientation du support (Po) : plan théorique horizontal par
rapport au volume minimal (L x 1 x e).
Plan technique (Pt) : plan théorique dans lequel se développe une arête.
Une base négative peut avoir plusieurs plans techniques.
Pour comprendre l'évolution du débitage dans le passage Paléolithique
inférieur-Paléolithique supérieur, il est très important de définir l'orien¬
tation des plans techniques dans le volume minimal de chaque base négative.
Prenons comme seul exemple la différence qu'il y a entre un nucléus à lames
et un nucléus discoïde ; dans le premier cas Pt est orienté perpendiculai¬
rement à L (Pt Po) sur le support de type LE, alors que dans le second
cas Pt est perpendiculaire à e (Pt = Po) sur un support de type PE (fig. 11b).
Pour concrétiser l'orientation de Pt dans la formule analytique, nous
utilisons le même système que pour l'orientation des plans sur la face infé¬
rieure de l'éclat (cercle d'orientation, fig. 2a).
Exemples d'analyses ; bases négatives de la figure 11b :
- Nucléus à lames :
LE (8A 4C, SA, t, c ^ C, P, t D, sy (2).
- Nucléus discoïde :
PE (P 4C, P,'t, c ? 4C, SA, m, c D (Sin) , sy (2).
(Pour les caractères de ces deux formules, se reporter à notre article
dans "Dialektikê" 1982) .
Fig. 5- Direction des enlèvements.
bord opposé
Annexe - a - volume minimal -b - orientation du plan technique.
31
NOTES
(1) Nous entendons par "base" tout objet débité ou retouché présentant des
arêtes à partir desquelles osnt disposés des négatifs d'enlèvements
(éléments négatifs).
(2) La parenthèse délimite le type de support de l'obliquité du plan tech¬
nique sur Po, ce dernier contenant le cercle d'orientation. Tous les
autres caractères ne sont par relatifs à Po mais dépendent de Pt ; par
exemple, l'obliquité est l'inclinaison des enlèvements sur Pt.
BIBLIOGRAPHIE
CARBONELL E., GUILBAUD M., MORA R., 1982 - Utilizacion de la logica analitica
para el estudio de tecno-complejos a cantos tallados , "cahier
noir", n° 1, pp. 1-64, Ed. G.I.P.E.S., Girona.
CARBONELL E., GUILBAUD M., MORA R., 1982 - Application de la méthode dialec¬
tique à la construction d'un système analytique pour l'étude
des matériaux du Paléolithique inférieur . Dialektikê, Cahiers
de Typologie Analytique, 1982.
CARBONELL E., CEBRIA A., ESTEBAN A., MORA R., PARRA J., 1983 - Aproximacio
critica a l'estudi dels espais prehistorics . Estudis d'Historia
agragria, pp. 88-100, Barcelone.
LAPLACE G., 1972 - La typologie analytique et structurale : base rationnelle
d'étude des industries lithiques et osseuses . Banques de Données
archéologiques. Colloques nationaux du CNRS, n° 932, pp. 91-145,
31 fig., Marseille.
., 1977 - Notes de typologie analytique, orientation de l'objet et
rectangle minimal . Dialektikê, Cahiers de Typologie Analytique
1977.
LAPLACE G
L'ECART : TAXINOMIE ET OBSTACLE EN SCIENCE PREHISTORIQUE
Bernard Cavaillés
Cet article a pour but de reprendre et de préciser une partie de la
communication faite au séminaire d'Avril 1982 dont l'exposé total aurait été
trop volumineux, eu égard les dimensions de Dialektikê. Celle ci tentait de
mettre à jour certains mécanismes présidant à la production conceptuelle au
sein de la "Science Préhistorique". Nous expliciterons ici le concept d'Ecart
qui a pour fonction de rendre compte de la "détermination chrono-archéolo-
gique" effectuée à l'occasion de l'étude des industries préhistoriques. Le
nombre de textes étudiés à l'aide de cet instrument conceptuel ne peut en
aucun cas nous faire prétendre à une représentativité de celui-ci ; aussi,
les exemples présentés n'auront-ils que valeur de cas de figure, marquant
ainsi les limites du travail accompli.
1. DEFINITION
La détermination chrono-archéologique d'une série industrielle met en
présence d'une part celle-ci, que nous appellerons le " Donné " (1), d’autre
part un concept taxinomique . La possibilité de ranger le "Donné" dans le
concept taxinomique, c'est-à-dire le rendre "lisible" (2) par la "Théorie"
(3) est déterminée par des conditions posées d'une manière à priori ; nous
les appellerons " critères méthodologiques ". En effet, si les différentes
méthodes d'organisation du Donné (typologie) permettent de le rendre " visi ¬
ble " (2), sa nature d'objet particulier pose immédiatement l'ouverture d'un
espace entre lui-même et la généralité que représente le concept taxinomique
au sein duquel il doit pénétrer pour devenir lisible par le Théorique.
Nous appellerons " Ecart " cet espace lorsque les critères méthodologiques
l'autorisent à faire pénétrer le Donné devenu visible dans le concept.
(Reportez-vous à la figure n° 1).
2. LES CRITERES METHODOLOGIQUES
Les concepts taxinomiques ont un double aspect : l'abstrait et le con¬
cret ; le premier est de représenter une généralité, le second est d'être
"concrétisé" par certains gisements reconnus traditionnellement de réfé¬
rence. Cette ambivalence pose ainsi la question de la limite de leur espace
de détermination : au delà de quel espace de différenciation tel ou tel en¬
semble industriel peut-il (ou non) être rangé sous le concept ? Au delà de
quel espace n'y a t-il plus "Ecart" mais simplement différence ? C'est aux
critères méthodologiques qu'appartient cette réponse ; en tous les cas c'est
33
une comparaison qui va être établie entre l'industrie encore indéterminée et
une industrie (ou plusieurs) déjà déterminée. La décision de ressemblance,
d'identité ou de différence va être prononcée en fonction des critères
choisis a priori : fossile directeur association caractéristique, identité
de rapports numériques, homogénéité probable donnée par le test du Khi 2 en
typologie analytique. Dans tous les cas aussi, et cela nous semble fondamen¬
tal, la nature du concept taxinomique sera et devra être en rapport avec les
critères méthodologiques choisis : nous demandons ici aux lecteurs de se
rapporter à l'article intitulé "La génèse des concepts".
Le processus de création de l'Ecart défini plus haut comme détermination
de l'espace de possibilité de la pénétration dans le concept, va faire appa¬
raître les critères méthodologiques comme lieu de définition et d'établis¬
sement d'un lexique commun au donné et au théorique.
3. CAS DE FIGURE DE LA CREATION DE L'ECART
La détermination chrono-archéologique met en jeu trois éléments : le
concept taxinomique et les gisements de référence, le donné, et les critères
définissant la règle du jeu. Ce mécanisme va donc par cela mettre à l'épreuve
la validité du concept et les critères choisis a priori ; le donné et le con¬
cept vont ainsi se poser comme les deux pôles d'une contradiction renvoyant
à la nécessité d'une réduction du premier et d'une modulation du second ;
c'est cette double résistance que nous allons voir apparaître dans les cas de
figure exposés ci-dessous.
3.1 Ecart par exclusion d'une partie du Donné
Texte : "La station de plein air du Gratadis" : G. Onoratini, G. Girard
(1976) : 1/
Dans un premier temps, ici, le Donné est classé au sein de la liste ty¬
pologique établie par D. de Sonneville Bordes ; sont ensuite présentés les
pourcentages obtenus par chaque "famille" d'outils (grattoir, burin, etc.)
ou par certains types particuliers appartenant à la liste de référence. Dans
une première conclusion nous pouvons lire :
"L'association de pointes de la Gravette, de burins de Noailles, de
burins plan (type Bassaler) ainsi que l'abondance de burins sur tron¬
cature retouchée, et la dominance des grattoirs sur bout de lame, per¬
mettent d'attribuer cette industrie à un Périgordien Vc...".
L'association caractéristique ci-dessus exposée semble donc être pour
l'heure sinon le critère méthodologique de la détermination, du moins, l'in¬
dicateur de celle-ci. Se servant de cette présomption (qui semble d'ailleurs
jouer le rôle d'une quasi certitude) les auteurs comparent le Périgordien Vc
du Gratadis aux différents groupes- de Périgordien Vc apparaissant en France.
Ils utilisent pour cela l'IB, l'^G, l'IP, 1'ÏGA et l'IBN. Ces indices mis en
comparaison les conduisent à conclure que le gisement du/Gratadis se rattache
au groupe Périgordien Vc à IBN (burin de Noailles) moyerv, dont l'abri Laraux
est entre autre présenté comme gisement type. La comparaison des deux cour¬
bes cumulatives semble confirmer la ressemblance. Cependant, il apparaît au
vu de ces graphiques et à la simple lecture d'un tableau de comparaison des
indices, qu'une différence nette est située dans ceux des grattoirs :
Laraux 10,18 %, le Gratadis 33,42 %. Les critères méthodologiques (bien que
non clairement définis) ne semblent pas permettre une si grande différence
dans les indices de Grattoirs. Pour que l'attribution chrono-archéologique
initialement proposée reste valable, il va donc être nécessaire d'opérer une
34
modification afin de réduire la différence des IG. Nous lisons donc :
"L'indice des grattoirs est toujours très faible dans les gisements du
Sud-Ouest de la France alors qu'il représente ici un très fort pourcen¬
tage. Cela peut être du à des phénomènes de contamination...".
Une partie donc du Donné (un certain nombre de grattoirs "de petite
taille qui pourraient provenir d'un niveau plus récent") va être invalidé ;
cette élimination dont nous ignorons d'ailleurs l'effectif, va permettre de
retrouver un IG normal ; la comparaison avec Laraux est donc possible ainsi
que la détermination chrono-archéologique dans le Périgordien Vc à IBN moyen.
(Veuillez vous reporter aux figures n° 2 & 3).
Deux schémas vont ainsi résumer le mécanisme décrit : le premier comme
nous l'avons indiqué marque l'impasse dans laquelle se trouve l'analyse avant
l'élimination de certains grattoirs faisant partie de l'industrie du Gratadis
Le second indique le procédé par lequel cette difficulté est éliminée ou du
moins contournée ; devant donc l'impossibilité de faire totalement pénétrer
le Donné dans la définition statistique du concept alors qu'à certains "dé¬
tails" près celui-ci semblait répondre à la définition initialement posée,
l'auteur choisit devant les trois possibilités qui s'offrent à lui (modifier
le concept le Donné ou les critères méthodologique) de recourir à la seconde
transformation du Donné par l'élimination d'une partie de son contenu.
L'Ecart est créé : la détermination est possible.
3.2 Ecart par changement des critères méthodologiques
Texte : "Le gisement de la Font Pourquière : M. Livache 1975" : 2/
Après une analyse typologique de l'industrie et une recherche des dif¬
férentes "séquences structurales" de celle-ci, l'auteur tente une comparai¬
son de ses résultats avec les séquences structurales établies pour les ni¬
veaux 17 et 18 du gisement de Paglicci et les foyers 564 et 463 des Arene
Candide. Le critère méthodologique choisi est le postulat d'homogénéité entre
les différentes séquences structurales, autorisé par le test du Khi 2. Comme
dans le texte précédent nous voyons que l'auteur part d'une première hypo¬
thèse qui lui permet précisément de commencer l'analyse comparative : celle-
là est la présence d'une association caractéristique ainsi définie :
"PD ret (variété gravette) + Pointe (P) ou (S) + LDT" (page 42).
La comparaison ne permet pas d'établir une probabilité d'homogénéité
entre les différentes séries choisies et celle de la Font Pourquière, excepté
avec les foyers 564 des Arene Candide, mais celle-ci située à un niveau hié¬
rarchique "trop élevé" donc trop général (ordre de retouche) pour être pro¬
bantes. Devant cette impossibilité d'établir la preuve adéquate aux critères
choisis initialement que l'hypothèse Tardigravettienne est valide, M. Livache
déclare :
"Nous avons été amenés, devant la disparité des divers complexex Tardi-
gravettiens à rechercher une ressemblance d'un autre ordre" (page 47),
Cet autre ordre de ressemblance va être établi selon une autre méthode,
impliquant d'autres critères méthodologiques. La comparaison va s'effectuer
à partir des différentes " dynamiques structurales ", étude de la structure
d'évolution des différents gisements, afin de découvrir (si toutefois cela
est possible) un " homodynamisme " qui sera la probabilité d'homogénéité des
dynamiques structurales, toujours fondée par le test du Khi 2. L'auteur dé¬
couvre un homodynamisme dans les séquences de Paglicci et des Arene Candide.
35
Il lui suffit donc de retrouver un homodynamisme dans lequel soit insérée
l’industrie de la Font Pourquière pour fonder l’hypothèse Tardigravettienne.
Le gisement en question étant "monocouche", donc pas objet de diachronie, il
va falloir trouver un autre gisement (si possible géographiquement proche :
Vaucluse) pouvant être mis en diachronie avec la Font Pourquière ; la
couche C de Chinchon 1 va être choisie et, selon des études antérieures, si¬
tuée postérieurement à la Font Pourquière. Ici donc, les deux gisements vont
être traités comme un seul et même ensemble eu égard les deux autres
(Paglicci et les Arene Candide). Un homodynamisme partiel (puisqu’il "excepte
le groupe typologique des troncatures + abrupts") paraît fondé ; l’Ecart est
créé selon les nouveaux critères établis : l’auteur peut conclure :
"Les gisements de la Font Pourquière et celui de Chinchon n° 1 niveau C
sont les indices tardigravettiens anciens les plus occidentaux connus à
ce jour", (page 59).
L’impossibilité initiale d'un résultat positif de la comparaison des
séquences structurales, va produire, outre le changement des critères méthodo¬
logiques, un effet corrélatif : le changement du statut théorique du concept
de Tardigravettien ; en effet, celui-ci ne va plus être la désignation d'une
"culture" dont les différents stades de développement fixé seraient chacun
le lieu de la comparaison terme à terme dans la synchronie, mais celle d'une
structure d’évolution dominante dans laquelle vont être analysées, classées
et comparées les différentes dynamiques structurales des gisements ayant la
possibilité d'y être intégrés. Les différentes associations caractéristiques
restent valides, mais uniquement à titre d’indices symptômes de l'apparte¬
nance. Ici aussi nous allons résumer le mécanisme décrit par deux schémas :
figures 4 & 5.
3.3 Ecart par extension et modulation du concept taxinomique : le faciès
Texte : "L'abri sous roche d'Eden Roc à Vaison la Romaine" : G. Onoratini
M. Paccard etc. Dumas (1977) : 3/
Il s'agit ici de l'étude de la couche inférieure de l'abri ; après une
analyse détaillée de l'industrie et un calcul des pourcentages obtenus par les
différentes familles d’outils, les auteurs tentent d'établir des comparaisons
et pour cela utilisent à titre propédeutique la présence de fossiles direc¬
teurs et d’associations caractéristiques. Une double comparaison est engagée
avec les gisements d’une part du Magdalénien final, d'autre part de l'Azilien
celle-ci provoque immédiatement une double incertitude :
"Cependant, il ne s'agit pas d’un véritable Magdalénien final... Les
éléments de l'Azilien évolué sont rares ou absents. Tout semble indiquer
qu’il s'agit d'un proto Azilien ou d'un Azilien ancien", (page 57).
Les auteurs choisissent comme gisement de référence celui de l'abri
Villepin dans lequel est contenu un Magdalénien VI 2 dans le niveau B et un
Azilien dans le niveau C. La comparaison des courbes cumulatives produit une
première approche du problème :
"On constate qu'elle est intermédiaire entre la courbe du niveau B
(Magdalénien) et celle du niveau C (Azilien). Cependant elle reste plus
proche de celle du Magdalénien VI 2, si l'on fait abstraction des élé¬
ments qualitatifs de faible pourcentage tels que : burins bec de per¬
roquet, raclettes, pointes à cran, pointes pédonculées, etc.".(page 59).
36
L f auteur ne semble pas ici pouvoir recourir comme nous l'avons vu pré¬
cédemment à la mise à l'écart d'une partie du donné que représentent ces
éléments qualitatifs ; une autre solution doit être envisagée : une autre
comparaison est tentée avec des gisements contemporains géographiquement
voisins et particulièrement avec la couche 12 de l'abri Cornille (Istres 13)
dont la courbe cumulative est figurée ; mais...
"malgré certaines convergences elle diffère de ses homologues de la
région côtière (comme par exemple celle de l'abri Cornille) où un
Magdalénien terminal... évolue pour donner un faciès différent de
l'Azilien, le Vallorguien (page 59)".
Cette homologie, dont la définition n'est d'ailleurs pas précisée, ne
peut permettre la détermination chrono-archéologique ; il reste donc une
dernière solution : moduler et étendre les concepts taxinomiques et comme
ils sont deux en présence (Magdalénien VI 2 et Azilien) créer un moyen terme
entre eux : le faciès de transition...
"Le gisement d'Eden Roc constitue en Vaucluse un faciès de transition
précieux entre un Magdalénien final Provençal et l'Azilien qui est son
aboutissement", (page 59).
L'Ecart est créé par la création même d'un quasi objet conceptuel ob¬
tenu par altération de concepts déjà existants : veuillez vous reporter aux
figures 6 & 7.
4. CONCLUSION
Ces trois exemples ne remettant nullement en cause le travail scienti¬
fique de leurs auteurs nous ont permis de montrer un processus inhérent à
l'activité classificatrice. Le donné, objet nu, ne devient objet de connais¬
sance qu'en perdant inévitablement certaines particularités qu'il lui sont
propres et individuelles. Aristote ne disait-il déjà pas que "s'il n'y a
d'existence que du particulier il n'y a de connaissance que du général ?".
Mais cet écueil est cependant indépendant de la conception et de l'uti¬
lisation du concept de classement : le gisement est unique, réfractaire à
toute restriction ; c'est l'accumulation de découvertes semblables qui doit
donner lieu à l'ouverture d'une "case de rangement" ; mais celle-ci n'est et
ne doit être que provisoire, marquant un stade de développement de la recher¬
che ; or en science préhistorique, certains concepts demeurent identiques
(du moins le plus souvent dans leur perduration nominative). Le blocage
apparaît : ce n'est point le donné qui doit s'aliéner à la théorie, mais
celle-ci qui doit évoluer et dans de nombreux cas cesser de le forcer à péné¬
trer dans son propre visible au prix, alors, de nombreuses distorsions.
L'Ecart concept que nous appliquons à l'étude de certains aspects de la
science préhistorique n'est pas uniquement la constation des difficultés
d'une activité de classification mais aussi et surtout celle d'un moment his¬
torique pour une activité scientifique qui est victime d'un trop fort poids
de son passé et qui ne parvient pas quelques fois à en défaire le carcan.
NOTES
(1) Nous appellerons "Donné" l'objet brut issu de la fouille le gisement lui-
même ; le "Donné" n'est jamais totalement donné puisque la fouille elle-
même est déjà un choix. Il est donc aussi déjà un "Pré-Visible" (voir
37
note 3). Sa définition limite est le gisement non encore fouillé, tout
étant à l'extrême limite que la notion même de gisement n'implique pas
déjà une découpe implicite de l'objet préhistoire qui lui-même n'est pas
donné mais partie intégrante du "Visible".
(2) Nous appellerons la "Théorie" ou le "Théorique", l'ensemble de l'outil¬
lage conceptuel, les méthodes, et les connaissances que possède une ac¬
tivité scientifique à un moment donné de son histoire.
(3) Lisible-Visible : nous appellerons "Visible" le "Donné" organisé et
transformé par la Théorie. C'est l'industrie étudiée et classée par
l'activité typologique. Il ne devient "Lisible" que lorsque l'ensemble
du Théorique lui a donné un sens (détermination chrono-archéologique)
et qu'il se pose en temps que sujet d'un enjeu. Restant visible, il
n'est qu'un "Donné second".
BIBLIOGRAPHIE
LIVACHE M., CARRY A. 1975 - Le gisement de la Font Pourquière (Lacoste
Vaucluse ), Origini IX, Roma.
ONORATINI G., GIRARD G. 1974 - Le gisement de plein air du Gratadis ,
Congrès Préhistorique de France 1974, pp. 458 à 465.
ONORATINI G., PACCARD M. et DUMAS C. 1977 - L'abri sous roche d'Eden Roc à
Vaison la Romaine . BSPF, t. 74, CRSM n° 2, pp. 52 à 60.
Fig. 1
Concept tax.
(Magd.)
Ecart
"Donné" : série
Gisement de
Critères méthodologiques
industrielle X
référence
Détermination Chrono-archéologique
38
Fig. 2
Fig. 3
Fig. 4
Concept tax. n° 1
Ecart
Transgression
Donne
Tardigravettien
LF P
Gis. : Pagl. + Ar. Cand.
- J
Crit. méth. n° i
(homogénéité)
Crit. méth. n° 2
(non homog.)
Détermination impossible
39
Fig. 5
Fig. 6
Concept tax.
Azil. Magd. VI 2 _ Ecart_ ______ Transgression^ __ Donné
Gis. : Villepin Crit. méth. Crit. méth. Eden Roc
et Cornille.
Remarque sur le chapitre 3.2 :
"Ecart par changement des critères méthodologiques"
Le Tardigravettien dès sa dénomination par G. Laplace en 1964 ("Origine et
évolution des complexes...") a un double statut :
a - celui d* un repère stratigraphique puisqu'il est le successeur du
Gravettien (épigravettien donc). Mais il se différencie de l'autre Epigravettien
qu'est le Solutréen par le fait qu'il poursuit la lignée gravettienne ;
b - celui d'être un processus évolutif puisque G. Laplace l'a décomposé
en deux phases évolutives : Tardigravettien Ancien et Tardigravettien Evolué.
La phase ancienne est représentée en Vaucluse par ses deux stades : Tardigravet¬
tien Ancien à pointes à face plane et Tardigravettien à crans. Les deux stades
anciens sont définis par des associations caractéristiques (v. la définition
de cet adjectif).
Pour en rester strictement à la démonstration de B. Cavaillés, on ne peut
pas dire que dans l'exemple choisi il y ait "écart", la définition stratigra¬
phique et évolutive du Tardigravettien de 1964 n'a pas été outrepassée, son
texte le montre.
En outre la pratique, actuellement, en Typologie Analytique nous conduit
à épuiser toutes les méthodes heuristiques capables de déceler des organisa¬
tions de (ou dans les) complexes industriels afin d'aboutir à des définitions
après analyse.
Michel Livache
- 41
PROBLEMES METHODOLOGIQUES ET THEORIQUES DANS
L'ETUDE DE L'ART PREHISTORIQUE
Bernard Cavaillès et Maria Llopis
Le but de cet article est de retracer la suite de problèmes et de diffi¬
cultés rencontrés au début et au cours de l'étude d'un matériel archéologique
qualifié d'artistique.
L'objet étudié est l'ensemble des plaquettes (419) de la couche du Mag¬
dalénien I du Parpallo (Espagne), déjà dessiné (en partie), étudié et publié
par son inventeur, L. Péricot.
Cette série fait partie d'un ensemble plus important comportant 4 983 pla¬
quettes dont 5 968 faces gravées issues d'un ensemble stratigraphique présen¬
tant 9 couches archéologiques allant du Gravettien (Aurignacien supérieur pour
l'auteur) au Magdalénien IV.
Le Magdalénien I contenu dans une couche de 50 cm contient outre une
puissante industrie lithique, une nombreuse industrie osseuse (251 objets) qui
va prioritairement servir à l'auteur à la détermination chrono-archéologique.
"Le changement (d'avec le "Solutréen-Gravettien", Parpallien pour
J.-M. Fullola) consiste en la substitution de l'industrie de la
pierre par celle de l'os et du bois de renne".
"... sa ressemblance avec les pointes du Placard qui nous servent à
merveille à la caractérisation du Magdalénien I... " (idem).
Pour nous, ainsi, la chronologie apparaît comme à priori déterminée par
la stratigraphie et l'industrie ; nous sommes alors induits comme l'est
L. Péricot à considérer le matériel "artistique" comme déjà situé dans celle-
ci. Il n'est pas source de la détermination chrono-archéologique mais objet
de celle-ci. Il semble exclu de l'espace des objets significatifs pour se
réfugier dans celui de l'objet contingent ; la série de l'ensemble des 4 983 pla¬
quettes ne paraît alors chronologiquement ordonnable et "culturellement" iden¬
tifiable qu'eu égard à la succession stratigraphique et à la définition "cul¬
turelle" industrielle. Objet fortuit, il "parasite" la statistique, il en est
écarté et étudié en lui-même, pour lui-même. Il fait ainsi l'objet d'étude
séparé.
Cet objet exclu est appelé "art", art parce qu'il est exclu, exclu parce
qu'il est art... l'alternative manifestant la double expression d'une seule
et même chose : notre impuissance.
42
1. LA REPRESENTATION ET LE SIGNE
Traditionnellement la science préhistorique appelle art toute trace
humaine qui semble avoir pour but une certaine représentativité et ce, opposé
à l'outil qui lui, semble dans la plupart des cas, posséder une efficacité
technique matérielle. Mais alors que faire des traces (et donc pour nous des
plaquettes gravées) qui ne se réfèrent pour nous à aucun caractère représen¬
tatif pensable ? Faut-il donc effectuer une découpe à priori entre l'art et
le non art et n'étudier que les graphismes qui coïncident avec notre visée
idéologique ? En effet, l'ensemble des plaquettes du Parpallo présente trois
types de graphismes que nous sommes bien, au premier abord, obligés de distin¬
guer d'une manière à priori : celles qui font apparaître des animaux ou hu¬
mains, celles qui évoquent des traces géométriques reconnaissables par nous,
enfin celles qui ne signifient rien à nos yeux.
En effet, mise à part la difficile question de la technique du relevé,
que nous traiterons ultérieurement, le problème essentiel qui apparaît est
celui d'une définition du concept de représentation. C'est lui qui va nous
donner la nature du statut que va s'approprier le matériel archéologique ici
présent. Toute représentation correspond à un objet représenté qu'il soit
matériel ou mental, dirons nous "dessinable" ou non. Un animal, un homme sont
du premier genre ; une idée, un son ne peuvent pas recourir au même genre de
représentation pour être exprimés : c'est pourquoi nous ferons une distinction
dans la représentation entre la représentation au sens strict (la re-présen-
tation) et le signe ; le premier, en effet, utilise de son objet certaines
caractéristiques (formes, proportions,...), le second n'a de rapport avec
son objet que sur le mode du code (la lettre A et le son A).
Cette première découpe purement théorique permet d'organiser le matériel
graphique à notre disposition selon deux catégories décidées donc à priori :
a - les représentations graphiques qui sont de "véritables" re-présenta-
tions, zoomorphes ou anthropomorphes, même si celles-ci sont incomplètes ou
le plus souvent suggérées ;
b - les représentations soit qui paraissent organisées, géométriques ou
non, soit qui se présentent comme des tracés informes.
La deuxième catégorie peut à son tour se subdiviser : si en effet nous
pouvons être tentés d'attribuer une valeur de signe aux premières (celles qui
paraissent organisées), en revanche la significativité des autres se montre
sous le jour de l'hypothèse.
Les deux catégories risquent alors de se retrouver trois : les représen¬
tations, les signes et les signes hypothétiques ; de plus, rien ne nous inter¬
dit de penser que les représentations zoomorphes ou celles qui sont hypothéti¬
quement anthropomorphes sont plus que de simples représentations ; nombreux
sont ceux qui les ont déjà considérées comme des symboles ou signes. Nous ne
pouvons le cacher : nous sommes ici dans un problème de typologie dont l'issue
est incertaine : mais dans le même temps la question apparaît : que voulons-
nous faire des plaquettes du Parpallo, que voulons-nous faire d'une "typolo¬
gie" de celles-ci ?
2. ETUDIER L'ART PREHISTORIQUE
Il est un fait : la découverte dans un gisement (et qui plus est en stra¬
tigraphie) d'un matériel autre "qu'industriel" ou faunique est dans tous les
cas une information supplémentaire sur la vie des hommes que nous étudions,
et dans cette perspective il doit s'étudier avec le plus grand soin ; mais...
quelle est la question que nous allons poser à ces objets ? Quelle réponse
pouvons-nous attendre ?
Nous sommes tentés de répondre par une autre question : que voulons-nous
savoir ? Cette question va elle-même induire une autre question. Qu'est ce que
l'art ? Toute réponse alors sera idéologique : il pourra être expression d'une
43
symbolique culturelle voire même d'une religion, ou bien résurgence d'esprits
isolés, les "artistes", qu'ils soient institués ou occasionnels.
Cette série de questions recouvre en fait une seule et même problématique
la théorie de la signification qui s'exprime dans la plupart des études sur
l'Art Préhistorique.
2.1 Les théories de la signification
Elles ont pour fonction d'assurer le passage entre le matériel brut
(pour nous la plaquette déjà relevée) et le signe ; ici tout graphisme doit
être pris en compte au niveau de son sens ou de son non sens ; le non sens
va être l'incompréhensible ou le non art.
L'effectuation du passage va introduire la notion de justification. Pour
l'Abbé Breuil la justification sera basée sur le "bon sens" et sur sa foi
religieuse : l'art mobilier sera soit magique ou religieux ; soit décoratif,
l'art des grottes ornées, art religieux, art de sorcier.
Comment ne pas comprendre à quel point le système de justification n'est,
en fait, que le miroir de la question que l'on a posée lorsqu'on lit cette
merveilleuse citation d'Etienne Patte :
"Ainsi, aussi loin que les documents adéquats nous permettent de remonter
dans le passé, l'homme apparaît comme un être religieux ayant conscience
d'être soumis à une puissance ou à des puissances, à un "tout autre"
dont il doit attendre le salut...
Mais le signe cesse d'être expressif, il devient illusionnant : il ne
dirige plus le regard vers l'absolu, qu'il signifie dans le relatif ;
il s'érige en absolu de remplacement, c'est-à-dire, au sens étymologique,
en idolâtrie".
Est induite ici plus qu'une théorie de l'art une histoire des religions
et de leurs altérations, regard chrétien sur les religions primitives et fé¬
tichistes. Mais l'homme, être religieux à travers les errances et les erreurs
de l'idolâtrie et du paganisme, va enfin trouver la vérité, la retrouver,
peut-être, dans l'absolu du monothéisme. La fin était en germe dans l'origine
masquée par l'apparat ; il faudra décripter le germe au sein de l'erreur ini¬
tiale .
L'origine par bonheur est toujours présente chez les peuples primitifs
actuels : l'ethnologie va retrouver ce passé dans le présent. La conscience
de la transcendance va s'exprimer de multiples façons... à nous de retrouver
dans ce grand livre la bonne comparaison... et de la justifier. Mais il ne
suffit pas maintenant de dire, pour être cru ; l'allusion, la simple compa¬
raison ne suffisent plus : l'Abbé Breuil ou Dechelette ne seraient plus cré¬
dibles... il faut prouver "scientifiquement"... mathématiquement. Le nombre
va prouver une bipolarisation symbolique pour A. Leroi-Gourhan, plus que
symbolique... religieux :
"Est-il indispensable de parler de religion, je le pense si l'on tient
compte d'une spiritualité aux racines multiples profondément insérées
dans les différents domaines de la psychophysiologie des anthropiens".
Ici aussi une découpe quasiment à priori est effectuée dans le matériel
archéologique que représente l'art mobilier :
"L'art mobilier comporte trois catégories principales de témoins : ceux
qui relèvent de la parure, ceux qui intéressent des objets auquels on
peut attribuer un usage technique et les oeuvres exécutées sur un support
sans autre fonction apparente (plaque de pierre ou fragment de matière
osseuse".
La non utilité apparente d'un objet devient symptôme d'un fait symbolique
44
que la théorie va s'empresser d'interprêter :
"Les plaquettes et fragments osseux, constituent une classe d'objets
dont la fonction, si elle était purement technique échapperait au rai¬
sonnement... Il est regrettable que les plaquettes, dans les sites où
il en a été trouvé de nombreuses n'aient fait 1*objet d'aucune mise
sur plan. Leur fonction en aurait été éclairée".
Nous voilà donc tout naturellement conduit à intégrer le matériel dont
nous disposons dans le vaste ensemble des signes religieux dont nous devons
effectuer le passage à la signification à moins qu'en suivant les traces de
A. Marshack nous tentions toujours en utilisant certaines analyses statisti¬
ques de les interpréter comme des calendriers lunaires en nous servant ici
de sources ethnologiques.
Permettons-nous une remarque : il semble que toute théorie de la signi¬
fication est interprétative et à ce titre là nous en refusons la problémati¬
que... non pas pour refuser la possibilité de comprendre mais bien précisément
parce que cette volonté de comprendre se trouve dans la nécessité de faire
une partition dans l'objet entre le compréhensible et le non compréhensible.
L'exclusion dont est victime l'art du domaine de la chronologie, dirions-nous
avec ironie, de celui de la préhistoire "sérieuse" se retrouve ici reproduite
en son sein pour tracer la limite du significatif et de l'insignifiant. Que
ferions-nous des tracés informes qui constituent presque la moitié de notre
matériel graphique ? Faut-il les intégrer comme signes hypothétiques, les
abandonner ? Faudrait-il se contenter d'une étude stylistique effectuée sur
les représentations zoomorphes, de quelques comparaisons de symboles (?) gra¬
phiques ?
Nous voulons une autre chose : réintégrer le matériel artistique dans la
totalité du matériel archéologique trouvé dans le gisement du Parpallo, et,
pour ce faire, lui faire subir les mêmes épreuves que l'industrie lithique.
Si en fait la préhistoire ne connait pas plus l'utilisation de la pointe
solutréenne que celle de plaquettes gravées, pourquoi ranger la première dans
l'industrie, les secondes les en exclure ? Ici donc va apparaître une première
difficulté, la typologie ; une seconde, le relevé.
2.2 Une méthode de relevé
Il semble évident qu'eu égard aux préventions que nous avons marquées
par rapport au danger interprétatif, la première difficulté à surmonter soit
l'instauration d'une "objectivité" du relevé. En effet, nous savons que de
nombreux préhistoriens ont plus recouru à l'intuition dans leur relevé qu'à
une véritable analyse objective. L. Chabredier souligne le danger de "la
copie à vue trop longtemps utilisée et qui n'a rien à voir avec un relevé
véritable". Il propose donc un travail de copie "effectué de manière ration¬
nelle". S'intéressant plus particulièrement à l'art pariétal, il présente un
appareil visant à éviter les distorsions représentatives causées par les
irrégularités du support : le principe en est la projection orthogonale ; un
montage identique visant les mêmes finalités est proposé par M. Archambeau
en 1982 : cependant les motivations théoriques y sont plus clairement expli¬
citées :
"Notre oeil comme instrument de mémoire a tendance à ne rechercher que
des figures connues ou reconnaissables ou interprétables... Notre vision
n'est donc pas objective et par là même, notre lecture du support n'est
pas innocente".
Mais analysons plus concrétement le processus de l'opération : le relevé
est effectué presque mécaniquement car
"il faut se méfier de la transcription de l'oeil et la main du dessinateur
45
bon ou mauvais qui a tendance à corriger, extrapoler, et qui transforme
alors le message".
Nous reviendrons ultérieurement sur le terme de message lourd de signi¬
fication, mais examinons maintenant les conditions d*apparition du "message"
à l'égard du préhistorien :
"Le but de ce relevé est en définitif une façon de contrôler notre vision
interprétation, étudier les traits pour ne voir apparaître les figura¬
tions que lors de l'assemblage".
Reculer pour mieux sauter... que le "message" apparaisse avant ou après
le relevé le moment est donc venu où le préhistorien doit sortir de sa neu¬
tralité feinte ; à lui maintenant de se poser les questions :
"Comment traduire ce message ? Que signifient nos interprétations ?"
Il n'y a pas de message, c'est nous qui le produisons ; c'est nous qui
choisissons l'information qui parait fondamentale dans un graphisme, ce qui
effectivement correspond à une intuition de l'ensemble quoi qu'on veuille...
Si nous examinons le résultat d'un relevé laborieux de l'auteur de l'article
qui représente d'après celui-ci une figuration humaine (découverte d'ailleurs
avant le relevé puisqu'il nous est précisé la date de 1978), nous pouvons voir
que d’autres interprétations sont possibles (Figure 2). En nous référant aux
Figures 3 et 4 de cet article, nous pouvons noter d'ailleurs les différentes
interprétations d'une seule et même plaquette de la couche du Magdalénien 1
de la Grotte du Parpallo, l'une produite par L. Péricot en 1942, l'autre par
M. Llopis en 1983.
Une première conclusion s'impose à nous : il est très difficile d'échap¬
per à la "vision-interprétation" ; cette réalité existe d'ailleurs dans les
différents procédés de comptage et de classification de l'industrie lithique.
Là aussi nous ne choisissons qu'une partie de la réalité à décrire et décoder
pour produire un grattoir ou un burin... Pourquoi voudrions-nous que la des¬
cription du matériel artistique échappe à cette règle ? Aussi avons-nous
choisi comme "méthode de relevé" le procédé le plus simple (calquage et con¬
trôle photographique) tout en connaissant les limites personnelles d'un tel
travail et les accidents qui peuvent en découler.
Relever est insuffisant ; faut-il encore classer pour traiter le document
sur le même mode que tout l'ensemble du matériel recueilli au Parpallo.
3. LA CLASSIFICATION ET LES OBJECTIFS DE TRAVAIL
3.1 La classification
Il n'est évidemment pas question pour nous de produire une typologie,
aussi 1'appelerons-nous classification. Afin tout d'abord d'intégrer le matériel
artistique dans la globalité des trouvailles du Parpallo, nous appellerons
plaquette l'ensemble des plaquettes par opposition à l'outillage lithique ou
osseux. La production humaine sera donc répartie dans ces trois catégories.
En second lieu nous ferons à la suite de M. Llongueras une tripartition entre
les plaquettes gravées, peintes et gravées peintes : cette indication techni¬
que nous paraissait indispensable. En dernier lieu, nous regrouperons le
caractère représentatif sous trois catégories : les zoomorphes, complets ou
non, déterminés ou non (comprenant les hypothétiques anthropomorphes), les
graphismes organisés, géométriques ou non et en troisième lieu les graphismes
qui nous paraissent informes, inorganisés.
Notons qu'il n'est point question ici de faire une hiérarchisation entre
technique et représentation dans la mesure ou celle-ci, justement, ne peut
s'effectuer dans un deuxième temps de travail, c'est-à-dire dans une ségréga¬
tion des caractères d'après leurs caractères discriminant, étude non encore
46
effectuée.
3.2 Nos objectifs
Les méthodes d'analyse doivent correspondre avec les objectifs visés.
Nous voulons appréhender plusieurs processus divisés en trois groupes :
- phénomène artistique (1) pris en lui même dans l'ensemble de la stra¬
tigraphie ;
- phénomène technique ;
- phénomène "représentatif".
Nous voulons les connaître séparément en tentant de mettre en question
leur liaison.
Nous voulons décrire ces phénomènes artistiques au sein de la totalité
de chaque couche et aussi à l'intérieur du phénomène artistique pris en lui-
même ; c'est pourquoi nous avons introduit deux systèmes d'effectifs et donc
de fréquence.
Ce travail est limité : il est une simple question ; nous n'avons pas
voulu lier les catégories (à priori) au sein de chaque objet, ce qui aurait
entraîné une "complexification-dilution" et une amorce nécessaire de typologie
qui nous aurait conduit sur le terrain d'une précoce spécialisation.
Nous allons en dernier essayer de savoir s'il existe d'autres découpes
possibles que celles investies dans les "carcans culturels" gravettiens, so¬
lutréens, magdaléniens.
4. LES RESULTATS
La structure du "Magdalénien 1" est incompréhensible si elle n'est pas
réinsérée dans l'ensemble de la stratigraphie. Aussi présentons-nous l'ensemble
du tableau de données du gisement en excluant cependant les deux couches supé¬
rieures (Magdaléniens 3 et 4) dont les effectifs de l'industrie lithique ne
nous sont connus qu 1 imparfaitement. Nous présenterons cependant, de ces deux
couches, les effectifs de tous les objets lithiques, outils ou non (tableau I).
Nous avons tenu à opérer une différence entre les effectifs des plaquettes
et les effectifs des faces utilisées : les premiers nous serviront à cerner le
phénomène "artistique" dans chaque couche, les seconds à analyser dans celui-ci
les phénomènes techniques et "représentatifs".
Nous avons utilisé le test du Khi 2 pour tester la dynamique évolutive
des catégories introduites et la distance du Khi 2 avec construction d'une
ultramétrique inférieure maximale pour présenter les dendrogrammes.
4.1 Situation et évolution du phénomène artistique dans l'ensemble des
couches
Si nous nous reportons aux Figures 5 et 6, nous constatons trois phases
distinctes :
la phase gravettienne où il représente 19,3 % de l'industrie (nous ne
tenons pas compte ici des objets lithiques non outils) ;
la phase solutréenne-parpallienne qui débute par une rupture nette d'avec
la précédente (48,3 % au Solutréen inférieur) et qui se présente comme un pro¬
cessus rapide de régression du phénomène malgré un sursaut au Parpallien ;
(1) Nous employons pour plus de facilité le terme de "phénomène artistique"
bien qu'il, nous ait été reproché : effectivement nous devrions plutôt nous
limiter à la nomination minimum "phénomène plaquette".
47
Tôt. lith.
Out. lith.
Out. os.
Plaquettes
Faces
Magd. 4
40 000 ?
588
303
352
Magd. 3
40 000 ?
1 559
1 014
1 184
Magd. 2
45 585
2 279
864
426
464
Magd. 1
24 356
1 636
251
286
345
Parp.
14 812
1 184
142
591
691
Sol. sup.
17 959
2 178
80
770
968
Sol. moy.
5 588
1 073
79
795
947
Sol. inf.
917
187
28
172
214
Grave t .
324
75
15
18
24
Tableau I
la phase magdalénienne qui se présente comme un retour à la première
phase avec une lente dégression aux Magdaléniens 3 et 4 (Figure 6).
Le dendrogramme de la Figure 11 représente parfaitement le rapprochement
du Magdalénien et du Gravettien dans leur éloignement d’avec le groupe
Solutréen-Parpallien qui est, lui-même, scindé en deux périodes successives.
4.2 Situation et évolution de la technique au sein du phénomène artistique
Le tableau II représente trois catégories techniques (gravé, peint, gravé-
peint) en présentant les effectifs des faces utilisées.
Nous remarquons en premier lieu que la gravure suit dans la période com¬
prise entre le Gravettien et le Parpallien les mêmes évolutions que le phéno¬
mène artistique pris au sens quantitatif.
Mais le phénomène gravure prend une distance dans le Magdalénien dans la
mesure où il s'accroit malgré la diminution du phénomène artistique. En second
lieu nous voyons que la peinture qui profite également entre le Gravettien et
le Solutréen inférieur du développement de l'art, évolue à contre courant du
phénomène gravure jusqu'à la fin du Magdalénien. Quant au phénomène gravé-
peint, s'il parait important au Gravettien, son influence n'est guère sensible
dans le processus évolutif bien qu'il ne paraisse que très peu sujet aux fluc¬
tuations du phénomène artistique.
Ces observations matérialisées dans les Figures 7 et 8 nous conduisent à
découper l'évolution technique en plusieurs phases :
48
GR.
P
G-P
TOTAL
Magd. 4
325
21
6
352
Magd. 3
1 106
52
26
1 184
Magd. 2
409
35
20
464
Magd. 1
175
107
63
345
Parp.
429
159
103
691
Sol. sup.
580
243
145
968
Sol. moy.
673
176
98
947
Sol. inf.
170
18
26
214
Grav.
13
2
9
24
Tableau II
le gravettien , phase de diversification de la technique au bénéfice de
la gravure (54 %) et la gravure-peinture (37,5 %) ;
le solutréen-parpallien-magdalénien I , phase débutant par une polarisation
sur la gravure (79 # 4 %) coïncidant avec le "bond" artistique du Solutréen
inférieur et évoluant comme une bipolarisation progressive de la gravure et
de la peinture jusqu 1 au Magdalénien I dans le cadre de la dégression du phéno¬
mène artistique avec toujours une atténuation du processus au Parpallien ;
le magdalénien , phase de polarisation (spécialisation) sur la gravure
coïncidant avec la perte d*influence du phénomène artistique.
4.3 Situation et évolution de la "représentation au sein du phénomène
artistique
Nous avons donc organisé la représentation selon trois catégories, zoo-
morphes "motifs", "indéterminés" dont le tableau des effectifs (tableau III)
Si nous examinons les Figures 9 et 10, nous remarquons en premier lieu
que les motifs demeurent stables dans l’évolution chronologique malgré une
légère coupure au Solutréen moyen et une sensible augmentation (14,5 %) au
Magdalénien 3 : ils ne sont, d’autre part, que très peu affectés par la ré¬
gression du phénomène artistique.
49
Zoo.
Motifs
Indét.
TOTAL
Magd. 4
99
33
221
353
Magd. 3
191
167
792
1 150
Magd. 2
65
30
350
445
Magd. 1
64
11
189
264
Parp.
177
53
369
599
Sol. sup.
170
86
538
794
Sol. moy.
359
78
547
984
Sol. inf.
138
24
86
248
Gravettien
11
4
15
28
Tableau III
Si nous examinons ensuite la Figure 10, nous pouvons constater que les
Zoomorphes et les indéterminés se comportent dans 1*ensemble de la stratigra¬
phie de manière inverse. La conséquence de cette constatation est visible à
la Figure 9. Les indéterminés sont moins sensibles à la diminution du phénomène
artistique que les zoomorphes : leur diminution (Fig. 9) se traduit cependant
(Fig. 10) par une augmentation relative à partir du Magdalénien 1. Le dendro-
gramme de la Figure 12 nous montre d’ailleurs la disparité évolutive des zoo¬
morphes et indéterminés, qui eux, sont plus corollaires des motifs.
Essayons maintenant de décrire le processus : ici aussi plusieurs phases
y sont visibles :
gravettien-solutréen inférieur , phase de bipolarisation (zoomorphes 53,9 %)
(indéterminés 35,8 %) (Fig. 10) accélérée par la monté du phénomène artistique ;
solutréen moyen-supérieur , phase de spécialisation (polarisation) sur les
indéterminés accélérée par la diminution du phénomène artistique ;
parpallien-magdalénien 1 , phase d’atténuation du processus marqué par
l'homogénéité représentative des zoomorphes (31,4 %, Fig. 10), par une légère
dégression des indéterminés (parpallien 61,6 %, Fig. 10) ;
magdalénien 2 , fin du processus de spécialisation ;
magdalénien 3-4 , phase de retour progressif à la bipolarisation initiale,
cette fois au profit des indéterminés (62,6 %).
50
4.4 Synthèse
Les conclusions présentées ici ne sont évidemment que très provisoires ;
elles permettent cependant dès à présent d’avancer des hypothèses tout d’abord
sur une découpe possible de la chronologie autre que celle donnée uniquement
par l'analyse des industries, ensuite sur les fonctionnements des processus
de diversification et de spécialisation.
4.4.1 Fonctionnement des processus de spécialisation et de diversi-
fication
Deux questions se posent : à quel moment et dans quelles conditions
s'effectuent les deux processus ? Y a t-il une relation entre eux et les
différents moments du poids du phénomène artistique ?
Nous pouvons d’abord dire qu'il n'y a pas un lien étroit entre les pro¬
cessus de diversification et de spécialisation et les périodes de progression
et de diminution du phénomène artistique. Nous pouvons uniquement dire que
dans certains cas il accélère ces processus contradictoires. La concentration
et la dilution ne sont pas évidentes.
Nous pouvons cependant dire que les phénomènes gravure et zoomorphes sont
liés dans leur évolution.
Nous pouvons dire aussi que malgré leur fonctionnement différent, les
phénomènes techniques et représentatifs sont liés à un processus évolutif
présentant une période initiale située vers le gravettien-solutréen inférieur ,
une période de changement et une période de retour à la phase initiale située
au Magdalénien supérieur. En ce sens ils semblent tous les deux sensibles à
la séquence décrite au paragraphe 4.1.
4.4.2 Phases évolutives
Les trois phases décrites ci-dessus, si elles existent effectivement, ne
se groupent pas de la même manière pour les phénomènes décrits (le Magdalénien 1
-et même 2- hésite souvent entre la seconde ou la troisième phase).
Mais dans tous les cas le Parpallien apparaît comme faisant partie des
processus auxquels il participe, mais en les limitant ou marquant une pause.
5. CONCLUSION
Nous constatons que nous n'avons pas pu dégager le maximum des informations
possibles (et surtout l'organisation de celles-ci) par manque de mise en oeuvre
de techniques statistiques plus sophistiquées. Cependant, nous voulons mettre
l'accent (et c'était notre but) sur les potentialités d'un tel travail.
Nous n'avons encore regroupé les différentes catégories au sein de
chaque objet. Cette étude en cours pourra nous permettre de voir évoluer des
processus plus complexes dont le traitement statistique est matériellement pos¬
sible vue la masse d'objets à notre disposition.
Le Magdalénien 1, objet précis de notre travail, n'est donc pas apparu
ici dans sa spécialité ; mais il n'était pas possible de débuter dans son étude
en le sortant de son contexte. Il faudra alors, si nous voulons rester fidèles
à notre ligne de conduite, l'étudier dans sa totalité et non pas uniquement
dans son "phénomène plaquettes". Que de travail !
BIBLIOGRAPHIE
ARCHAMBEAU M. - Un repère orthonormé pour relever les gravures et les peintures
pariétales. BSPF, t. 79, n° 7.
51
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PERICOT L. 1942 - " La cueva del Parpallo (Gandia, Valencia )". Pub. CSIC.
Madrid
"Figuration humaine" (Relevé de M.Archamoeau en 1982).
(C'est nous qui avons épaissi les contours de la représentation)
Fig. 2
Autres interprétations.
55
QUELQUES REFLEXIONS SUR L'UTILISATION DE L'ANALYSE DES DONNES
Jordi Estevez, Assumpcio Vila et Riker Y11
Lorsque l'on veut étudier une très grande série d*ensembles industriels
selon des catégories typologiques définies, on se trouve placé devant une
alternative méthodologique : effectuer une analyse en composantes principales
ou bien suivre la démarche de l f analyse structurale proposée par G. Laplace
(LAPLACE 1974, 1975, 1978, 1980, 1981) et par G. Laplace et M. Livache
(LAPLACE et LIVACHE 1975).
La première option -pas toujours réalisable par 1 1 archéologue-, d'inter¬
prétation difficile, nous offre dans le meilleur des cas une association-
classification d'ensembles et de catégories typologiques, perdant une quantité
considérable d'information et, en même temps, la possibilité de suivre le pro¬
cessus statistique.
La deuxième option nous permet de suivre pas à pas ce processus, de ré¬
orienter la recherche des significations statistiques et de perdre moins
d'information particulière. Le net désavantage se trouve dans la lenteur et
la lourdeur du travail manuel -même si on utilise le micro-ordinateur- lors¬
que l'on travaille sur une grande quantité de données.
Dans notre exemple, nous avons utilisé les données fournies par 47 en¬
sembles industriels de la méditerranée ibérique (Liste en appendice). Cette
quantité implique le calcul, par exemple, de 1 081 tests d'analyse structurale
comparée utilisant la formule de l'X2 (2x2) ou, le cas échéant, la méthode
exacte de Fisher (LAPLACE-LIVACHE 1975) et, de plus, le calcul du même nombre
de distances et jusqu'à 2 585 comparaisons afin d'établir les matrices de
contingence des séquences structurales (tout cela si l'on travaille avec
11 catégories). Cette tâche peut être réalisée avec un micro-ordinateur, mais
sera toujours un travail lent et patient.
Le micro-ordinateur ne peut pas, cependant, nous aider à établir la seg¬
mentation des 11 matrices d'homogénéité qui permettent de concrétiser les
niveaux d'homogénéité propres de chaque groupe d'ensembles. Il est donc néces¬
saire de le faire manuellement et, dans ce cas, cela devient un travail débor¬
dant. C'est.alors que l'on envisage l'utilisation de l'Analyse en Composantes
Principales (ACP).
1. ANALYSE EN COMPOSANTES PRINCIPALES
Voici ce que nous offre l'ordinateur : le pourcentage cumulé de valeur
propre pour les deux premiers facteurs c'est seulement le 39,21 %, ce qui
reste comme signification sur le graphique de distribution des points effec¬
tués sur les deux axes de ces facteurs. Sur le premier axe ont une influence
maximale les PD et, ensuite, les LD et les DT du côté positif, et les R et
les D du côté négatif. Sur le deuxième axe les P au maximum, puis les F du
56
côté positif, en opposition avec les D et les A du côté négatif. Au centre du
graphique, on trouve les G, les B et les E (Figure 1).
Sur le troisième facteur, dont la valeur propre cumulée atteint 53,58 %,
nous trouvons les E du côté positif et les G du côté négatif comme opposition
la plus marquée.
Le premier facteur a un poids positif maximum par rapport à CIN et SBE
puis, ensuite, à RVC.
On trouve, avec plus de 0,5 de poids positif, les ensembles BGR, LAR,
CBI et PPI et, avec un rapport très négatif à ce même facteur, ARI et, moins
négatif, SPA et FS. Le reste des ensembles se situe entre - 0,5 et + 0,5.
Sur le second facteur, ont une valeur supérieure à 0,5 positif les ensem¬
bles COG, RVC, RVS, PM2, PSM, PSA et PAG et une valeur négative, les ensembles
FIL, MIB, MIA, CIN et RME.
En rapport avec le troisième facteur, ont des valeurs positives les en¬
sembles SPA et RVC et des valeurs négatives détachées les ensembles PAG, MAR,
RPE et SGR.
CBI, PMI, M3A et BGR sont les ensembles avec le plus grand poids positif
relativement au quatrième dacteur où l'on observe le maximum d f influence des B.
Comme résultat de la distribution du poids si homogène sur les deux pre¬
miers facteurs, on obtient un graphique de coordonnées (variables plus obser¬
vations) peu dispersé (Fig. 1). On trouve, comme prévu, la plus grande concen¬
tration dans la moitié gauche (facteur 1 négatif).
Nous pouvons remarquer des oppositions entre quelques ensembles : RVC,
SBE et CIN par rapport à ARI et SPA sur l'axe horizontal, ou entre ARI, MIB,
MIA, RME, CIN par rapport à COG sur l'axe vertical.
Après la partition des 58 individus caractérisés par 6 coordonnées car¬
tésiennes (les 6 premiers facteurs : valeur propre accumulée de 80,79 %) et
3 partitions de base formées selon trois itérations autour de quatre indivi¬
dus-source tirés au hasard, on obtient le Tableau I.
La représentation plane est peu adéquate pour éclairer le phénomène. Cette
classification n'est pas non plus absolument conforme aux séquences structu¬
rales des ensembles considérés dans ce travail. Il est très surprenant que,
par exemple, les E apparaissent associés avec l'ensemble ARS (où ce groupe
typologique n'est pas représenté, et il en est de même avec les F et l'ensem¬
ble RVB ainsi qu'avec les DT et l'ensemble CBI.
Tableau I
D, A
R,P,F,B
LD,PD,DT
G
E
M3
RVB
Tl 3
CCR
BBl
ARS
SGR
M2
M3A
FIL
MIB
RVS
BGR
BB2
PAG
RPE
F3
RVA
MI A
BB3
LAR
BB7
PMI
SPA
F2
BB4
CIN
PSA
MAR
Fl
BB5
SBE
PSS
FS
BB6
RVC
PM2
TSU P SM RVD
MAL CO G CBI
RME PPI
ARI
CAS
Sont beaucoup plus fiables les associations faites à partir du poids de
chaque facteur relativement à chaque ensemble et chaque catégorie (Tableau II).
Dans ce tableau, on observe regroupés des ensembles de chronologies très dis¬
semblables .
Tableau II
R, D
LD,PD,DT
D,A
P,F
G
E
B
INDIFFERENCIES
FS
Tl 3
MIB
RVC
SGR
RVC
BGR
M3A,
BBl
SPA
CIN
MIA
RVS
PAG
SPA
CBI
M3,
BB2
ARI
SBE
FIL
PAG
MAR
PMl
M2 ,
BB3
RVB
RVC
CIN
PSA
RPE
F3,
BB4
CBI
RME
PSM
F2,
BB5
PPl
ARI
PM2
Fl,
BB6
LAR
COG
TSU,
BB7
MAL, PSS
CCR, RVA
RVD, ARS
CAS
Telles sont les possibilités d'interprétation à partir de l'Analyse en
Composantes Principales.
59
2. ANALYSE STRUCTURALE
Suivons maintenant la démarche de l'analyse statistique structurale. On
commencerait par le test du Khi2 global qui nous donnerait, évidemment, une
inhomogénéité hautement significative.
Plus intéressantes sont les conclusions que l'on peut tirer à partir du
tableau total du "Lien" (LAPLACE 1979-1980) (Tableau III).
Une fois ce tableau élaboré, on observe que l'ensemble le plus différencié
est CIN avec une contribution de colonne de .144, mais on doit considérer
l'énorme poids des DT dont la contribution de case atteint une valeur de .+120.
Immédiatement après se situe l'ensemble SBE avec une contribution de colonne
de .131 et, ici encore, le poids écrasant des DT dont la contribution de case
atteint .+116.
Avec des contributions de colonne plus faibles, mais formant un groupe
compact puisque comprises entre .043 et .065, on distingue les ensembles
PSM, PSS, PPI, PMl et PM2 où les contributions de case les plus significatives
se situent dans les groupes typologiques des F pour les deux premiers (+.027
et +.041), des PD pour PPI (+.029), des B pour PMl (+.020) et des G pour PM2
(+.016).
Les groupes typologiques les plus significatifs sont ceux des DT, avec
.304 de contribution de ligne presque seulement dans les ensembles CIN et SBE,
celui des F, avec .175 de contribution de ligne dans les ensembles PSS, COG,
R VS et PSM, et finalement celui des D, avec .155 de contribution de ligne,
plus marqué dans l'ensemble ARI (+.035) que dans les ensembles CAS (+.013)
et F2 (+.010).
Pour ce qui concerne les autres contributions de case supérieures à
.010, on constate pour le groupe typologique des LD la mise en évidence de
l'ensemble BRG (+.028 et, pour la catégorie des A -essentiellement formée par
le groupe typologique des T- les ensembles MlA (+.012) et MlB (+.020)).
Le reste des ensembles ne présente aucune catégorie typologique d'un
poids spécifique supérieur à .010. En vérité, ce sont des ensembles peu dif¬
férenciés. Les contributions de case des groupes typologiques des R et des P
ne dépassent jamais .010.
Le tableau suivant résume tout ce qui a précédé.
Tableau IV
D LD PD DT A F G E B INDIF.
F2 BGR PPI CIN MlB RVS PM2 SPA PMl CCR
ARI SBE MlA PSM BB2
CAS PSS BB 1 _
M2
F3
M3A
RVA
COG
61
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62
Nous avons souligné les coïncidences avec les deux tableaux antérieurs
(Tableaux I et II) se rapportant à l'Analyse en Composantes Principales. On
trouve les ensembles F2, ARI et CAS associés à la catégorie D dans la classifi¬
cation automatique et dans le dernier tableau. L'ensemble PPI est associé sur
les trois tableaux à la catégorie PD, mais dans les deux premiers on ne peut
distinguer entre les catégories LD, PD et DT. Il en est de même pour les en¬
sembles CIN et SBE qui, associés à la seule catégorie DT dans le tableau IV,
sont associés à la globalité des catégories DT, LD et PD dans les tableaux I
et II. De plus, on constate dans les trois tableaux, d'une part l'association
des ensembles MlB et MlA avec la catégorie A et, d'autre part, l'association
des ensembles RVS et COG avec la catégorie F.
Finalement on voit que les résultats des trois algorithmes de classifica¬
tion ne coïncident totalement que pour neuf ensembles associés à des groupes
typologiques et pour sept ensembles indifférenciés.
La comparaison entre les trois classifications met en évidence la troi¬
sième d'entr ' elles qui nous offre la spécification la plus haute et la mieux
tranchée.
Les agrégations d'ensembles tirées du dendrogramme de classification hié¬
rarchique effectué à partir du calcul des distances du Khi2 ne peuvent être
expliquées, pour la plupart, par des attributions à des groupes typologiques
déterminés. Néanmoins, si l'on considère le tableau du "Lien", on peut facile¬
ment caractériser les agrégations tirées du dendrogramme. Ainsi les ensem¬
bles MlA et MlB sont en association avec la catégorie A, les ensembles PSM et
PSS avec la catégorie F (avec les ensembles COG et RVS hors de l'agrégation
bien que caractérisés aussi par la catégorie F), les ensembles CIN et SBE par
la catégorie DT, et la série des ensembles 35 à 38 par la presque totale ab¬
sence des DT, LD et PD (Figure 2).
Le dendrogramme élaboré à partir des distances du Khi2 entre groupes
typologiques nous confirme qu'il n'existe pas de groupes avec une dynamique
interdépendante.
Ces types d'associations non testées par l'analyse de signification, ont
évidemment une valeur relative conditionnée par leur ampleur et la caractéris¬
tique du spectre choisi. Par conséquent, les associations changent si l'on
change le spectre : c'est ce que nous allons immédiatement démontrer en prenant
seulement en considération les complexes industriels du Tardiglaciaire et du
Postglaciaire en Catalogne.
1. ANALYSE EN COMPOSANTES PRINCIPALES
La valeur propre cumulée jusqu'au troisième facteur atteint 70,26 %. Il
existe des corrélations positives plus grandes que 0,50 entre les catégories D,
R, E, F et (PD -DT- P), une corrélation négative très forte apparaissant entre
ces deux groupes.
La partition des 24 individus caractérisés par 6 coordonnées cartésiennes
nous donne le tableau suivant :
Tableau V
G,LD R,D,E,F P,PD,DT A,B
T13
SGR
BGR
LAR
CBI
SPA
CAS
CIN
SBE
FIL
MAL
RME
TSU
63
Du poids des facteurs dans les variables et les observations, et si l’on
choisit les poids supérieures à + 0.5, on déduit le tableau suivant :
Tableau VI
1° facteur
2° facteur
3° facteur
4° facteur
+ R, D, E , F
B, LD
B
SPA
BGR
CBI
CAS
CBI
- PD,DT
P, DT
A
G
CIN
SPA
FIL
SGR
SBE
SBE
LAR
On observe que l'opposition entre les catégories R,D,E,F et les catégories
PD,DT est la plus significative et que l'opposition entre les catégories B et
G n'apparaît: qu'au quatrième facteur. On voit bien qu'il existe d'évidentes
coïncidences entre les tableaux V et VI.
2 • ANALYSE STRUCTURALE
Le tableau du "Lien" met en lumière que les ensembles SGR, BGR, CIN, SBE,
SPA et CAS ont la plus grande importance dans la dispersion du nuage des points.
Les catégories les plus significatives sont les DT, G, D, E et B.
Avec les valeurs du "Lien" supérieures ou inférieures à .01 on peut dresser
le tableau suivant :
Tableau VII
DT
G
D
E
B
LD
PD
P
F
INDIF.
+ CIN
SGR
CAS
CAS
BGR
BGR
CIN
SBE
SPA
Tl 3
SBE
LAR
FIL
SPA
CBI
MAL
RME
SPA
- CAS
SBE
SGR
BGR
SGR
SBE
TSU
64
La confrontation de ce tableau avec la classification hiérarchique issue
des dendrogrammes élaborés avec les distances du Khi2 (Fig. 3 et 4) nous permet
de caractériser les agrégations d'ensembles par associations avec des groupes
typologiques (notés dans la partie supérieure de la Fig. 3).
Les deux types d'analyse nous offrent dans ce cas des résultats très sem¬
blables, mais les résultats de l'analyse structurale nous donnent plus de
détails comme, par exemple, la distinction de l'ensemble SPA par la significa¬
tion de la catégorie F.
REFLEXION FINALE
L'analyse des associations non testées, avec l'utilisation de l'Analyse
en Composantes Principales ou avec les dendrogrammes des distances du Khi2
et le tableau du "Lien" peuvent constituer une première approche de la carac¬
térisation des complexes industriels. Les résultats, pas toujours semblables,
sont plus détaillés avec le second type d'analyse.
Les associations seront subordonnées à l'ampleur de la série des ensembles
industriels choisis. Ainsi, par exemple, l'ensemble SPA dans la grande série
des ensembles du Levant Méditerranéen Ibérique, est caractérisé surtout par
la catégorie E et, par contre, dans la série plus réduite de la Catalogne tar-
diglaciaire, cet ensemble s'individualise surtout par l'association avec la
catégorie F. Ainsi, les ensembles SRG et LAR sont, dans la série des ensembles
catalans, caractérisés par la catégorie G mais non dans la globalité des en¬
sembles ibériques. De la même façon, la catégorie des B marque les ensembles
BGR et CBI, ce qui n'est pas le cas dans l'analyse de la totalité des ensem¬
bles. On pourrait, de la même manière, continuer à relever les différences
entre les associations issues des deux prélèvements d'ampleurs inégales. Il
existe, néanmoins, quelques coïncidences pour ce qui concerne les ensembles
extrêmement différenciés comme, par exemple, CIN, SBE associés avec la caté¬
gorie DT.
De ces considérations découle l'évidente nécessité de refaire ces types
de calcul chaque fois que l'on ajoute de nouveaux ensembles à la série ana¬
lysée .
NOTES
NOTE 1 : Les gisements traités sont :
- à CASTELLO' : (décomptes dans Yll, 1984).
Cova Matutano : niveaux MlA, MlB, M2, M3, M3a du 12.909-14.000 B.P.
Cova Fosca : niveaux F3, F2, Fl, FS du 9.460 au 7.000 B.P.
- à VALENCIA : (décomptes dans Fullola, 1979).
Barranc Blanc : BBl, BB2, BB3, BB4, BB5, BB6, BB7 sans chronol. absolue
Rates penaes : RPE sans chronol. absolue
Maravelles : MAR sans chronol. absolue
Parpallo : PAG, PSA, PSM, PSS, PPI, PMl, PM2 correspondant à la pro¬
fondeur de m.8,5-7,25 ; 6,25 ; 5,75 ; 4,75 ; 4,0 ; 3,5 ?
2,5 et à la période entre plus de 40.000 et plus de
13.800 B.P.
- à TARRAGONA : (décomptes dans Laplace, 1966)
Sant Gregori : SGR sans chronol.
La Mallada : MAL sans chronol.
L'Areny : LAR sans chronol.
Filador : FIL sans chronol.
- à BARCELONA :
Abric Romani : ARS (niveau 2) et ARI (niveaux 4-12) correspondant
66
respectivement au Würm III et au Würm II-III (décomptes
Laplace, 1966)
Can Carriga : CBI sans chronol. (décomptes Ripoll, Lorencio, Rovira, 1982)
Castel : CAS du début du Tardiglaciaire (décomptes dans Vila, 1984)
Cingle Varme11 : C, TSU et Tl3 de 9.760 P.P. et plus. (Vila, 1984)
- à GERONA :
Sota Palou : SPA du 8.520 B.P. (Carbonell e.a. 1979)
Bora Gran : BGR du 11.470 B.P. (décomptes Laplace, 1966)
Reclau Viver : RVA, RVB, RVC, RVD, RVS sans chronol. abs. (Estevez, 1975 et
Fullola 1979)
Coma d'Infern : CIN sans chron. abs.
Sant Benet : SBE sans chron. abs. (Soler, 1980)
Can Crispin : CCR sans chron. abs.
Cau de le Goges : COG sans chron. abs.
Roc de la MeIca : RME du 20.900 B.P. (Soler, 1982, Fullola, 1979 et
Soler, 1980) .
NOTE 2
L'analyse matricielle de la contingence pour les 47 ensembles est, nous
l'avons déjà dit, un travail à entreprendre avec patience, parfois débordant ;
pour le but que nous nous proposons ici, c'est-à-dire associer groupes typo¬
logiques et ensembles industriels, les distances du Khi2 et le "Lien" suffi¬
sent, ainsi que nous l'avons démontré.
BIBLIOGRAPHIE
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68
REPRESENTATIONS GRAPHIQUES D'UN TABLEAU DE CONTINGENCE
Georges LAPLACE
1 . ETAPES DE LA CONSTRUCTION GRAPHIQUE
1.1 Représentation graphique non pondérée
1.1.1 Le tableau de contingence
Nous référant à notre article "Le Lien" comme mesure de l'information
dans un tableau de contingence (LAPLACE 1979-1980), nous reprendrons l'exemple
des trois ensembles aurignacoîdes de la Grotte Gatzarria (LAPLACD 1966) , Cjn2
et Cjnl du Protoaurignacien et Cbf de 1'Aurignacien ancien, considérés au ni¬
veau des Ordres typologiques A, B, E, P, S et SE, pour dresser un tableau
croisé ou tableau de contingence, les ensembles industriels étant classés selon
la diachronie et les catégories typologiques étant rangées selon l'ordre dégres¬
sif de leurs effectifs globaux :
S
A
SE
E
B
P
Cjn2
132
93
19
0
26
0
270
Cjnl
70
25
21
3
6
0
125
Cbf
216
42
76
52
8
0
394
418
160
116
55
40
0
789
1.1.2 Le tableau de départ
Comme nous nous proposons d'étudier les variations des catégories typo¬
logiques au niveau de chaque ensemble industriel dans la totalité des tableaux
des données, nous calculons les fréquences conditionnelles pour chacune des
trois modalités du caractère ensemble lorsque l'on se trouve dans chacune des
cinq modalités du caractère catégorie ainsi que les fréquences des effectifs
marginaux des lignes et des colonnes, ces dernières étant figurées entre paren¬
thèses :
S
A
SE
E
B
P
Cjn2
.316
.581
. 164
.650
.342
Cjnl
. 167
. 156
. 181
.055 .150
.158
Cbf
.517
.263
.655
.955 .200
.499
1
1
1
1
1
....
(.530)
(.203)
(.147)
(.070) (.051)
(....) 1
69
1.1.3 La construction graphique non pondérée
a - La structure du tableau de contingence suggère que l'ensemble des
distributions étudiées en lignes et en colonnes puisse être représenté par un
carré de côté égal à la somme des fréquences marginales, c'est-à-dire à l'uni¬
té. Nous fixerons à dix centimètres la longueur de ce côté afin d'obtenir une
précision suffisante, soit un individu pour environ 12 millimètre carré.
b - Une première division de la surface globale du carré sera effectuée
selon les valeurs des fréquences marginales des catégories typologiques portées
entre parenthèses (Figure 1). On notera la disparition de la catégorie P dont
l'effectif est nul.
c - Quant à la division de la surface globale selon les ensembles indus¬
triels, il est évidemment impossible de procéder pour l'obtenir comme précé¬
demment. C'est donc colonne par colonne que l'on représentera la répartition
des ensembles (Figure 2). Ainsi chaque surface du graphique correspont-elle à
une case du tableau de contingence dont l'effectif lui est proportionnel.
d - La Figure 2 étant peu lisible, nous isolerons les surfaces correspon¬
dant à chacun des ensembles industriels. On obtient ainsi, pour chaque ensem¬
ble, un profil constitué par une série de fréquences de catégories typologiques
(Figure 3). De ce fait, nous pouvons mettre en rapport chaque fréquence caté¬
gorielle de chaque ensemble avec la fréquence marginale correspondante, c'est-
à-dire avec la fréquence moyenne toutes catégories confondues. S'il n'existait
pas de lien entre ensembles et catégories, c'est-à-dire si ces deux variables
étaient indépendantes, toutes les hauteurs des fréquences catégorielles de
chaque ensemble seraient identiques et chaque profil se réduirait à la juxta¬
position de surfaces de même hauteur figurée par un pointillé, formant un
rectangle élevé pour l'ensemble Cbf (.499), moyen pour l'ensemble Cjn2 (.342)
ou bas pour l'ensemble Cjnl (.158). Les oscillations, positives ou négatives,
au-dessus ou au-dessous de ces valeurs moyennes représentent en abscisse les
écarts à la moyenne et, en surface, les écarts à l'indépendance .
e - Pour visualiser les écarts à l'indépendance, il suffit de donner
comme base au graphique non pas zéro mais la valeur de la moyenne de chaque
ensemble toutes catégories confondues (Figure 4). Au-dessus de la moyenne se
trouveront les surfaces proportionnelles aux effectifs catégoriels au-dessus
de l'indépendance. Inversement, au-dessous de la moyenne sont représentées
les surfaces proportionnelles aux déficits des effectifs catégoriels relati¬
vement à 1'indépendance.
Ainsi, pour chaque ligne, la différence entre les fréquences catégoriel¬
les en colonnes et la fréquence marginale toutes catégories confondues donne
les écarts à la moyenne, c'est-à-dire les hauteurs orientées des rectangles
ayant pour base les fréquences marginales de chacune des catégories :
S
A
SE
E
B
Cjn2
-.026
+ .239
-.178
-.342
+ .308
Cjnl
+ .009
- .002
+ .023
i
»—>
o
4^
- .008
Cbf
+ .017
-.237
+ .156
+ .446
-.299
0
0
0
0
0
On en déduit les écarts à l'indépendance en faisant le produit des écarts
à la moyenne, ou écarts conditionnels, par les fréquences marginales catégo¬
rielles correspondantes :
70
S
A
SE
E
B
Cjn2
-.01399
+.04848
-.02623
-.02385
+.01560
0
Cjnl
+.00479
-.00044
+.00332
-.00724
-.00043
0
Cbf
+.00921
-.04803
+.02291
+.03110
-.01518
0
0
0
0
0
0
On constate que pour chaque profil la somme des écarts à l'indépendance
est nulle et que, pour chaque colonne catégorielle, la somme des surfaces au-
dessus de la moyenne est égale à la somme des surfaces situées en-dessous.
1.1.4 Interprétation des données
Elle s'effectue à un double point de vue, celui des associations spécifi¬
ques entre lignes et colonnes et celui des similitudes entre profils.
a - Une association spécifique est une liaison privilégiée entre une
catégorie typologique et un ensemble industriel. Elle nous est signalée par
une surface au-dessus de la moyenne, c'est-à-dire par un écart à l'indépendance
positif, dans le cas d'une association positive, ou par une surface au-dessous
de la moyenne, c'est-à-dire par un écart à l'indépendance négatif, dans le cas
d'une association négative. Si son importance numérique est indiquée par
l'ampleur de la surface du rectangle, une hauteur élevée suffit à marquer une
association spécifique même si elle ne concerne qu'un effectif de faible im¬
portance, c'est-à-dire un rectangle de base relativement réduite. Tel est le
cas de la catégorie B dans les ensembles Cjn2 et Cbf. Dans les surfaces con¬
sidérées, la hauteur, c'est-à-dire l'écart à la moyenne, est un indicateur
de force de l'association spécifique pondéré par l'importance de l'effectif
marginal de la catégorie concernée.
Ainsi pour l'ensemble Cjn2, on note l'importance de l'association positive
entre cet ensemble et les catégories A et B, compensée par une association
négative avec les catégories SE, E et S, cette dernière se situant près de
l'indépendance. Pour l'ensemble Cjnl, les deux catégories en association posi¬
tive S et SE, voisines de l'indépendance, s'opposent aux catégories en associ¬
ation négative E, B et SE, ces deux dernières étant à proximité de l'indépen¬
dance. Enfin, pour l'ensemble Cbf, on remarque une opposition entre les caté¬
gories en association positive E, SE et S, cette dernière étant proche de
l'indépendance, et les catégories en association négative A et B.
b - Quant à la similitude entre profils, si les ensembles Cjn2 et Cjnl
n'ont en commun que l'écart à l'indépendance négatif de la catégorie E, il
n'en est pas de même pour les ensembles Cjnl et Cbf qui sont similaires à
l'exclusion de la différence d'orientation des écarts à l'indépendance de la
catégorie E, négative dans l'ensemble Cjnl et positive dans l'ensemble Cbf.
1.1.5 Remarques
a - Notons immédiatement que l'on peut construire à partir du tableau de
contingence un autre graphique où, les catégories typologiques étant consi¬
dérées comme profils, on calculerait les écarts entre fréquences conditionnelles
en ligne et les fréquences marginales correspondantes toutes lignes confondues.
b - Notons encore que, pour faciliter l'interprétation des données, on
peut changer dans les graphiques aussi bien l'ordre des profils que l'ordre
de la série des profils.
c - Notons enfin que, grâce à l'écart à l'indépendance, concept statis¬
tique de valeur théorique, on dispose d'une méthode de représentation des données
71
qui met en lumière les traits pertinents du point de vue statistique. Cette
notion joue un rôle capital dans l'élaboration de la contingence quadratique
ou indicateur d'écart KHI-DEUX, somme des écarts quadratiques réduits, c'est-
à-dire d'effectifs en écart à l'indépendance pondérés dans un tableau de
contingence.
1.2 Représentation graphique pondérée
1.2.1 Le tableau de départ de la pondération
Les profils en lignes ont été établis en calculant les écarts entre les
fréquences de cases en colonnes et les fréquences marginales toutes colonnes
confondues correspondantes. De même, nous pourrions construire les profils
en colonnes en calculant les écarts entre les fréquences de cases en lignes
et les fréquences marginales toutes lignes confondues correspondantes. Ce sont
ces fréquences que nous figurons sur le tableau suivant, les fréquences mar¬
ginales toutes colonnes confondues étant portées pour mémoire entre parenthèses
S
A
SE
E
B
Cjn2
.489
.344
.070
• • • •
.098
1
(.342)
C jn 1
.560
.200
. 168
.024
.048
1
(.158)
Cbf
. 107
. 107
. 193
.132
.020
1
(.499)
.530
.203
. 147
.070
.051
1
1.2.2 La construction graphique pondérée
En effectuant les différences entre les fréquences de cases pour chaque
ligne aux fréquences marginales correspondantes toutes lignes confondues on
obtient les écarts à la moyenne :
S
A
SE
E
B
Cjn2
-.041
+ .142
-.077
-.070
+ .046
0
Cjnl
+ .030
-.003
+ .021
-.046
-.003
0
Cbf
+ .018
-.096
+ .046
+ .062
-.030
0
La valeur absolue de chacun de ces écarts représentant la valeur pondérée
de la base de chacun des rectangles composants des trois profils en lignes,
nous pouvons construire les graphiques pondérés en substituant simplement les
bases pondérées aux bases non pondérées (Figure 5).
Notons que la pondération peut être amplifiante, réductrice ou égale à
l'unité. Dans notre exemple, toutes les pondérations sont réductrices à l'ex¬
ception de celle de la catégorie E dans l'ensemble Cjn2 où elle est égale à
l'unité car l'effectif de cette case est nul.
1.2.3 Les écarts à l'indépendance
En faisant le produit des hauteurs de chaque rectangle par la longueur
de sa base pondérée on obtient les écarts à l'indépendance pondérés. Dans le
tableau suivant nous présentons ces écarts ainsi que les sommes marginales de
leurs valeurs absolues :
72
s
A
ES
E
B
Cjn2
-
0,00108
+ 0,03386
-
0,01368
- 0,02385
+
0,01404
0,08651
Cjnl
+
0,00027
- 0,00001
+
0,00047
- 0,00475
-
0,00002
0,00552
Cbf
+
0,00032
- 0,02278
+
0,00715
+ 0,02778
-
0,00910
0,06713
0,00167
0,05665
0,02130
0,05638
0,02316
0,15916
Si nous
comparons ce
tableau au
tableau du
"Lien" (LAPLACE
1979-1980)
f
calculé pour le même tableau de contingence, nous constatons leur parfaite
identité : mêmes contributions relatives signées de cases, mêmes contributions
relatives en lignes et. en colonnes et, bien entendu, mêmes sommes globales.
2. FORMALISATION DE LA DEMARCHE
2.1 Notations
Soit un tableau de contingence dont les lignes sont indicées par i et
.les colonnes par j. On adoptera les notations suivantes (LAPLACE 1979-1980) :
2.1.1 Effectifs
n^_. ... effectif d'une case quelconque
n. ... effectif marginal d'une ligne ..... n_^ =
n^ ... effectif marginal d'une colonne
n . = > n . .
j ij
n ... effectif global
2.1.2 Fréquences
n. .
f.. =
iD n
avec
T f.. = i
iD
ij
iD
1 J
î
n
avec
f. - 1
i
f .
J
n .
_ J
avec
? f 3
= 1
2.1.3 Fréquences conditionnelles en ligne ou en colonne
f 1
f . .
n. .
= -±2
f .
n.
i
i
f. .
n. .
iD
i — >i
H1
1
II
f .
n .
avec
avec
f. = 1
J
fl = 1
i
i
73
2.2 Ecarts à la moyenne
On note e? l’écart à la moyenne en ligne et e^ l'écart à la moyenne en
colonne tels que :
On vérifie que :
en effetJÇej = = 1-1 = 0
i i j i i
Notons que pour construire les profils en lignes de la Figure 3 nous
avons utilisé la différence entre chaque fréquence de case en colonne et la
fréquence marginale toutes colonnes confondues correspondante, c'est-à-dire
e?, correspondant à la hauteur du rectangle.
2.3 Ecarts à l'indépendance
La base de chacun des rectangles étant proportionnelle à la fréquence de
chacune des colonnes, c'est-à-dire à f., et sa hauteur étant proportionnelle à
j ^
e^, sa surface est proportionnelle au produit f^.e:'. Ce produit représente donc
la proportion d'individus qui sont en écart à l'indépendance pour une case
donnée :
f .e? = f. (f D - f. ) = f .f? - f .f.
Di Di i 3i 13
f. .
or comme f.f? = f. 7 -- = f.. on a f,e? = f,, -f,f,
3 1 3 f j 13 3 1 13 1 3
e. . :
13
La proportion d'individus fj - f^f_. en écart à l'indépendance sera notée
e. , = f. . -f.f.
13 13 1 3
Pour un profil donné représentant une ligne on ae. = 0
en
effet e.. = Y> f. . “ *S~f.f. = f. - f. = 0
13 A- 13 13 1 1
De même, si l'on considère la superposition des rectangles appartenant à
différents profils mais situés sur la même colonne, on aYe, . = 0
13
74
en effet ST e. . = Yf,. - "S^f.f. = f. - f. = 0
i ^ i 13 i ' 1 3 3 3
2.4 Ecarts à l'indépendance et indicateur d’écart
Les profils de la Figure 3 représentent les catégories typologiques en
écart à 1 1 indépendance dans chaque ensemble industriel. Par une simple modi¬
fication de la base de chacun des rectangles nous allons pondérer chacune de
leurs surfaces de manière à la rendre proportionnelle au KHI-DEUX de chacune
des cases. En effet, 1' écart à l'indépendance ayant été exprimé en construi¬
sant des profils en lignes, il serait aussi possible de l'exprimer en cons¬
truisant des profils en colonnes et l'on obtiendrait alors pour la surface de
chaque rectangle :
e.. = f.e 1
iD 1 D
Si l'on exprime les écarts à la moyenne en fonction de l'écart à l'indé¬
pendance on a :
e. .
__i3
f .
3
f. f .
i 3
f.
J
et
e. . f. . - f.f.
_ï_2
j h h
Le produit des deux écarts à la moyenne est égal au PHI-DEUX de chaque
case, c'est-à-dire au quotient du carré de l'écart à l'indépendance par le
produit des fréquences marginales, car nous travaillons sur des fréquences :
. . (e. ,) 2 (f. . - f.f.) 2
e V = = —il_i-2—
] i f.f. f.f.
i : i :
i:
0 étant la "contribution relative signée de case à l'inertie du nuage
si l'on se réfère à notre article relatif au "Lien" (LAPLACE 1979-1980), on
constate qu'il est identique à c., défini comme "contribution de la case (i,j
à l'information apportée par le èàbleau f " :
IJ
(e .,) 2 (f.. - f.f ,) 2 X 2 ..
0 2 . . - c. . = -±1- = = -il
13 13 f.f. f.f. n
13 13
2
Ainsi, le PHI-DEUX global 0 est-il identique au Lien (I,J) :
IJ 2
0 2 tt = 0 2 .. = Lien (I,J) =y c.. --L = ï-
IJ . . i] 13 4-r n n
13 13 13
2.5 Conclusion
Nous disposerons désormais de deux représentations graphiques pour visu¬
aliser l'information apportée par une case, une ligne ou une colonne d'un
tableau de contingence : la représentation graphique pondérée des écarts à
l'indépendance et la représentation graphique du "spectre" de ligne ou de
colonne (LAPLACE 1979-1980).
En conséquence, il nous semble utile de normaliser le vocabulaire en
utilisant les notations suivantes :
pour la contribution relative signée de case à l'information ;
75
> 2 ij
X* 2 - •
T 13
11
pour la contribution relative de ligne à l'information ;
pour la contribution relative de colonne à l'information ;
pour la mesure de l'information globale.
3. DISTANCE DU KHI-DEUX ET PHI-DEUX GLOBAL
Si l'on désigne par i et i' deux lignes quelconques d'un tableau de con¬
tingence, par g la ligne moyenne toutes lignes confondues (point moyen ou centre
de gravité), la distance du KHI-DEUX entre i et i' est définie par les formules
i 1 x 2
d (i,i*) -- (f 1 - f 1 )
f, n i
~~ f, j j
3 3
et
2 2 2
f. cT (i, g) = r
avec
d 2 (i,g) = Xf <fî -
f .
1 3
Cette distance pondérée est appelée distance du KHI-DEUX car on démontre
que la somme, pondérée par la fréquence marginale de chacune des lignes, des
distances de chaque ligne au profil moyen, c 'egjt-à-dire aux fréquences margi¬
nales toutes lignes confondues, est égale au 0 global.
En effet, si pour la case c.. nous portons en f. d (i,g), tiré de la
2 1 D 1
seconde formule, la valeur de d (i,g), donnée par la troisième formule, on
obtient successivement :
c.. = f. -- (f 1 - f.) 2 = f. (f 1 - f.) -- (f 1 - f.)
i: 1 f j 3 3 1 3 3 f j 3 3
f. . i f . . f. . f.
= f. (- i2 - f.) -- (- i3 - f.) = (f.. - f.f.) ~ - 1 )
if. J f. f. i 13 il f.f. f.
1 31 ill
f . . f . . - f.f.
(f. . - f.f.) (“2- - 1) = (f. . - f.f.) (-U i_l)
1: 1 : 1: 1 : f jL q
(f. . - f.f.) 2 (e. ,) 2
1 : 1 D _
f.f.
1 :
ainsi on a bien
î 4 ~ ■
i j
il
X f. d" (i,g) Z = X c. . = X • = 0 2 = --
4- 1 “ 11-4“ 1 1 n
c.q.f.d.
76
CIBOIS P
LAPLACE
LAPLACE
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s
FIGURE 2
80
Echelle : 2/1
DE L'ANALYSE FACTORIELLE COMME OUTIL GRAPHIQUE DE SYNTHESE
Jean-Louis Voruz
Dans un précédent article (1) , j 1 ai exposé les principaux résultats d'une
analyse typologique de l'ensemble des industries d'un site néolithique,
Yvonand 4 (Suisse). La dynamique structurale de chacune des industries -céra¬
mique, os, bois de cerf, silex et lithique poli- mettait en évidence plusieurs
composantes : une part de fond commun stable, quelques spécialisations chrono¬
logiques, et des caractères évolutifs permanents. Ces mouvements étaient il¬
lustrés par des histogrammes, des diagrammes de fréquence, des tableaux de
liens et des analyses factorielles de correspondances. D'un strict point de
vue méthodique, on constatait que le calcul des liens et le test du Khi 2
(accompagné de son application graphique, les diagrammes en spaghettis) se
révélaient être les outils les plus puissants pour appréhender la structure
évolutive de chaque industrie. Cependant, on manquait de moyens pour exposer
et discuter les relations existant entre les industries, surtout du point de
vue évolutif, car ces interactions étaient masquées par la complexité des
dynamiques structurales. Afin de mieux synthétiser l'ensemble des produits
façonnés, et dans le but de les comparer plus facilement à la structure indus¬
trielle générale du Néolithique jurassien, j'ai tenté d'utiliser une analyse
de correspondances de la répartition typologique générale. Ses résultats
donnent effectivement une vision d'ensemble remarquable qui permet de comprendre
facilement l'évolution du Néolithique d'Yvonand. Aussi m'a-t-il paru intéres¬
sant de présenter ici cet exemple.
On analyse la répartition dans les trois couches 8, 6 et 4 de 45 groupes
typologiques réunissant un total de 137 profils céramiques, 910 outils et un
seul objet de parure (2). Le nuage de points obtenu selon les axes 1 et 2,
regroupant les 100 % de l'information à cause de la simplicité stratigraphique,
a une forme parabolique, caractéristique de "l'effet Guttman" (3). Celui-ci
s'obtient lorsqu'un des deux caractères analysés, ici le caractère stratigra¬
phique, est naturellement ordonné. Les points-couches peuvent donc être reliés
par deux vecteurs stratigraphiques de même sens que l’axe 1, qui indique le
sens chronologique. Cela permet d'intégrer à l'image une information extérieure
supplémentaire, les datations, exprimées ici en années dendrochronologiques
avant J.-C., selon la courbe de calibration de Becker, correspondant en gros
à l'intervalle 2700-2400 BC en C14 non calibrés. Les projections sur l'axe 1
donnent une opposition entre les caractères typologiques les plus anciens et
les plus évolués. On peut donc reconnaître immédiatement le rôle du substrat,
les types archaïques horgéniens utilisés au début de l'occupation, et les
types apparus ensuite. L'axe 2 oppose ces caractères stratigraphiques extrêmes
au tronc commun stable et aux rares types propres à la couche 6 ou plus fré¬
quents dans cet épisode. On peut ainsi assimiler la parabole au mouvement
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évolutif continu qui caractérise le Néolithique d'Yvonand 4. Le Horgen , repré¬
senté par les types situés au-dessous du point-couche 8, semble être intrusif
dans la région, mais il a très vite été influencé par le voisinage ou les
contacts avec le Cortaillod installé depuis plus de 500 ans. Cette association
se traduit au sommet de la parabole par le burin et la pendeloque à gorges (4),
et par la progression des denticulés, des biseaux sur merrain perforé et sur¬
tout des pointes à poulie, types peu fréquents dans le Horgen mais abondants
dans le Cortaillod. Les industries non-céramiques se caractérisent par une
simplification générale du geste technique (due probablement à une volonté
d'augmentation de la productivité), provoquant dans chaque industrie la montée
des pourcentages des outils résultant des débitages et des façonnages les
plus simples, en remplacement des spécialisations du Horgen. Ce phénomène est
bien visible dans le graphe, avec les objets situés entre 6 et 4. Parallèle¬
ment, l'industrie céramique, de même technologie, adopte les fonds ronds et
les pastilles, en remplacement des rares décors horgéniens, puis deux formes
qui vont perdurer dans tout le restant du Néolithique final aux stations Ydl
et Yd5, et qui sont caractéristiques de la "Civilisation Saône-Rhône" ( CSR )
sur le lac de Neuchâtel.
Ainsi, les trois composantes "culturelles" essentielles du Néolithique
jurassien, Cortaillod, Horgen et CSR, sont-elles bien visibles sur le graphe,
en formant les trois pôles typologiques. Yvonand 4 se situe en effet dans une
période de transition marquée par l'arrivée du Horgen, par l'ultime transfor¬
mation du Cortaillod sous cet influx, et par la mise en place des nouvelles
industries qui vont se stabiliser durant le Néolithique final. Mais ces évo¬
lutions sont très progressives et légèrement asynchrones entre les différentes
industries, ce qui provoque la répartition relativement continue dans l'ana¬
lyse factorielle. L'ensemble Horgen, dans sa globalité industrielle et sa
dynamique, est visible par la proximité des types et du vecteur 8-6. Son
association avec les derniers aboutissements du Cortaillod, représenté par le
sommet sur l’axe 2, provoque l'infléchissement de l'évolution et la création
d'une nouvelle structure industrielle, également bien visible dans la branche
droite du graphe. La parabole représente donc réellement un mouvement, une
évolution industrielle globale.
Cette possibilité qu'à l'analyse de correspondances de représenter gra¬
phiquement une dynamique structurale complexe, donc de résumer graphiquement
toute une analyse typologique, me paraît être une qualité essentielle. Il
en est de même dans le cas plus compliqué d'analyses regroupant les dynamiques
de plusieurs sites, comme j’ai déjà pu en juger en comparant les industries
céramiques et osseuses d'une vingtaine de sites suisses et francs-comtois (5).
Alors que les matrices des distances et les dendrogrammes ne peuvent pas tenir
compte des évolutions, visibles dans six stratigraphies, les analyses de cor¬
respondances synthétisent à la fois ces distances et les dynamiques structu¬
rales analysées préalablement, et donnent à nouveau de très bonnes images des
associations industrielles et des particularités géographiques ou chronologi¬
ques. L'existence de mouvements évolutifs réguliers s’exerçant sur l'ensemble
du Néolithique (comme par exemple pour les industries osseuses la diminution
des objets de parure, l'augmentation des outils tranchants, le remplacement
des pointes à poulie par les pointes à épiphyse diverse, etc.) permet égale¬
ment de figurer des vecteurs chronologiques, reliés à l'axe 1, alors que les
axes 2, 3 ou 4 rendent plutôt compte des différences régionales. L'analyse
factorielle apparaît donc comme un outil indispensable à la compréhension de
ces structures.
Evidemment, il faut tenir compte de la grande perte d'information repré¬
sentée par la mise sur pied d'égalité de tous les groupes typologiques, alors
que leur fréquence relative est très variable. L'analyse de correspondances
ne peut intervenir qu'après une analyse statistique descriptive détaillée, à
laquelle il est nécessaire de se reporter pour bien comprendre certaines pro-
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ximités, surtout dans les cas de comparaisons stratigraphiques. Il convient
donc de l'utiliser, non pas comme un outil de base absolu, mais comme un moyen
très performant de synthétiser des structures typologiques complexes. Les
images qu'elle donne de celles-ci, par leur excellente adéquation à l'évolution
générale, facilitent grandement la discussion des hypothèses explicatives.
On ne peut donc que recommander son emploi, tout en soulignant ses limites.
NOTES
(1) Dynamique industrielle et évolution culturelle dans le Néolithique
jurassien. Dialektikê, Cahiers de Typologie Analytique, Pau 1982, p. 49-73.
(2) On objectera qu'un diagramme triangulaire de pourcentages aurait dû
suffire pour ce cas très simple de 3 couches. Mais l'analyse factorielle
a l'avantage de ne pas accorder le même poids aux 3 points-couches et
d'offrir une meilleure image graphique représentant le mouvement évolutif,
alors qu'un diagramme triangulaire est forcément statique.
(3) M. VOLLE 1981, (p. 158). Analyse de données . Editions Economica, collection
Economie et Statistiques avancées, 2e édition, Paris 1981, 317 p.
(4) D'autres pendeloques provenant d'anciennes fouilles bien situées au centre
de la station viennent le confirmer.
(5) J.-L. VORUZ 1984. Outillages osseux et dynamisme industriel dans le
Néolithique jurassien . Cahiers d'Archéologie Romande, Bibliothèque historique
vaudoise, Lausanne 1984, 286 p., 142 fig., 9 annexes.
Analyse de correspondances de la totalité du mobilier néolithique de la
station lacustre d'Yvonand 4. Dates dendrochronologiques. Répartition de
45 groupes typologiques selon les couches 8, 6 et 4. Effectif total de
1 058 outils ou profils céramiques.